«Dans la peau de...» Huguette Ducharme, auteure émerveillée par le pouvoir évocateur du haïbun – Bible urbaine

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«Dans la peau de…» Huguette Ducharme, auteure émerveillée par le pouvoir évocateur du haïbun

«Dans la peau de…» Huguette Ducharme, auteure émerveillée par le pouvoir évocateur du haïbun

Parce que chaque poème est un ilot touristique où l’on peut s’arrêter

Publié le 25 août 2023 par Éric Dumais

Crédit photo : Studio Candide Inc.

Chaque semaine, tous les vendredis, Bible urbaine pose 5 questions à un artiste ou à un artisan de la culture afin d’en connaître un peu plus sur la personne interviewée et de permettre au lecteur d’être dans sa peau, l’espace d’un instant. Aujourd'hui, on s'est glissé dans la peau de Huguette Ducharme, une auteure qui a le cœur sur la main et qui est littéralement tombée sous le charme de la puissance évocatrice du haïbun! Le 22 août, les Éditions David dévoilaient «Des ados sur les sentiers du deuil», un livre évocateur, d'une grande sensibilité, et au bout duquel on voit la lumière au bout du tunnel.

Huguette, c’est un plaisir de faire votre rencontre! Vous qui vivez en Montérégie, «entre montagnes et rivières», vous avez fait carrière dans l’enseignement au niveau collégial. Dites-nous, quelles ont été – et sont encore – vos disciplines de prédilection, et qu’est-ce qui vous a autant attiré dans cette profession?

«D’aussi loin que je me souvienne, j’ai eu mes poupées pour élèves et récité mes leçons, debout au pied de mon lit, devant des classes imaginaires. Ce goût de partager mes connaissances semble bien inscrit dans mon ADN.»

«Lorsqu’est venu le temps de choisir un domaine d’études, ce fut difficile, parce que j’aimais autant la littérature que les sciences et les langues. Les sciences l’ont emporté, étant donné qu’elles me semblaient plus aptes à percer les mystères du vivant. C’est la raison pour laquelle je suis devenue biologiste. Mon objectif en tant que professeur était de faire comprendre le fonctionnement du corps humain à mes étudiants en soins infirmiers et de les former à devenir eux-mêmes de bonnes sources d’information.»

«Aujourd’hui, je reste à l’affût des découvertes en sciences et en médecine. Je continue d’apprendre des rudiments de langues étrangères, et ma passion pour la littérature occupe souvent les heures que je devrais réserver au sommeil.»

Il y a bon nombre d’années, vous êtes littéralement tombée sous le charme du haïbun, une composition littéraire d’origine japonaise succincte flirtant entre la prose et le haïku. Parlez-nous de ce coup de cœur littéraire et de cette envie irrépressible d’en écrire à votre tour!

«Lire un haïbun est un événement festif. En écrire constitue, chaque fois, une nouvelle aventure à portée de clavier. Le haïbun, c’est la vitalité dans la concision. La puissance évocatrice de ces minuscules poèmes soutient la trame narrative, la rehausse, l’enjolive.»

«La présence des haïkus brise la monotonie de la prose. Un rythme particulier s’installe, car chaque poème est un ilot touristique où l’on peut s’arrêter. Chacun a sa vie propre. Ce haïku qui se pointe entre les paragraphes ou en fin de récit, est-il en lien avec la continuité du texte ou produit-il un effet de surprise?»

«Dans ma pratique d’écriture, le haïbun s’est inséré tout naturellement au sein d’un cheminement qui allait de soi. Je griffonne encore des haïkus dans mes carnets, mais certains d’entre eux trouvent une famille. Ils ne sont plus seuls, ils entrent en dialogue, et c’est un autre aspect de leur existence.»

Au rayon nouveautés des Éditions David depuis le 22 août, on retrouve Des ados sur les sentiers du deuil, un haïbun dans lequel, grâce au pouvoir des mots consolateurs, vous accompagnez ces adolescent∙e∙s endeuillé∙e∙s aux prises avec un désir de se confier et d’être consolé∙e∙s. Qu’est-ce qui vous a donné l’élan d’écrire ce livre sur ce thème sensible?

«Le premier élan m’est venu des gens qui me demandaient: “Comment fais-tu pour accompagner des endeuillés? Moi, je ne serais pas capable”. J’ai donc voulu démystifier nos rencontres et permettre au lecteur de découvrir ces jeunes, leurs questionnements, leurs hésitations, leurs conquêtes.»

«Je souhaitais également que le lecteur fasse connaissance avec les outils que nous utilisons pour leur permettre de se raconter, de faire face aux différentes émotions qu’ils ressentent, de se connecter à leur réseau de soutien et de célébrer les changements positifs.»

«Enfin, je voulais aussi donner un grand frère à L’ours aux 100 noms, mon recueil qui relate mes accompagnements auprès d’enfants endeuillés. Maintenant, la boucle est bouclée.»

«Il est vrai que je me trouve aux premières loges face à la souffrance du deuil, mais je suis aussi un témoin privilégié.»

Accepteriez-vous de nous partager votre texte préféré, tiré de ce haïbun, tout en nous expliquant ce qu’il évoque en vous?

Trésors

un cœur découpé

dans un ticket d’autobus

aveu discret

«Certains souvenirs, parfois les plus précieux, se présentent sous la forme de menus objets, témoins indiscutables de ce qui a été promu au rang de précieux porte-bonheur.»

«Pendant les mois qui suivent le décès de l’être cher, ils deviennent d’inséparables accessoires conservés dans le secret d’une poche de jeans, d’un porte-monnaie, d’un sac à main ou exposés fièrement aux regards.»

premier amour

un bouton de son manteau

en pendentif

«Ce texte représente la puissance émotive d’objets de peu de valeur, qui deviennent le lien matériel servant à perpétuer la mémoire d’un être aimé. Ce cœur découpé rappelait un sentiment qui n’avait pas été exprimé en paroles. De pouvoir le toucher rendait cette déclaration d’amour inusitée tangible et consolante. C’était la même émotion dans le cas du bouton accidentellement accroché qui n’avait pas été redonné. La jeune fille le portait fièrement tel un témoin de leur relation.»

Votre passion pour le haïku vous a permis, au fil des ans, de vivre de belles expériences et de faire de fabuleuses rencontres, soit lors de festivals ou de lectures publiques. Elle vous a même donné l’élan de partager à votre communauté, sur votre page Instagram nommée 1sculpture1haïku, une photo d’une sculpture, accompagnée d’un haïku écrit en français et traduit en anglais. Dites-nous quelques mots sur cette notion du partage qui vous tient tant à cœur!

«Ma page Instagram se veut un lieu de rencontre entre la poésie et la sculpture. C’est une façon de faire connaître la vision du monde des sculpteurs et de leur rendre hommage.»

«Partager me semble aussi naturel que respirer. Qu’il s’agisse de biens ou de connaissances, le résultat est le même; c’est prolonger la vie d’un objet, permettre à une idée d’être diffusée et discutée.»

«Dans le partage, il y a mouvement, circulation. Il y a aussi entraide. Combien de titres de livres et de noms d’auteurs et d’autrices ai-je recommandés au fil des ans à des personnes qui cherchaient des informations, des solutions à un problème ou des références pour un travail de recherche?»

«J’aime partager, non seulement parce que je trouve du plaisir à faire connaître des créateurs, des œuvres, des idées, mais aussi parce que je reçois et m’enrichis de ce que les autres m’apportent lors de nos discussions.»

Des ados sur les sentiers du deuil de Huguette Ducharme est présentement en vente en librairie au coût de 14,95 $. Pour découvrir nos précédentes chroniques «Dans la peau de…» et faire le plein de découvertes littéraires, visitez le labibleurbaine.com/nos-series/dans-la-peau-de.

*Cet article a été produit en collaboration avec les Éditions David.

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