LittératureDans la peau de
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Didier, peux-tu nous parler de ton déclic pour la littérature et du chemin que tu as parcouru depuis en tant qu’écrivain?
«J’ai toujours aimé les mots. Dès le début de l’adolescence, je voulais devenir écrivain. J’ai commencé par des poèmes, puis à la fin du secondaire, j’ai décidé de me lancer dans le roman. Le chemin parcouru est important à mes yeux. Un écrivain veut écrire, mais il y a toute sorte d’écrivains et de genres. Ce chemin me permet de constater que je suis un écrivain volubile, actif et capable de se renouveler à chaque roman.»
Les livres que tu écris sont tous des romans. Qu’est-ce qui t’attire tout particulièrement dans ce genre littéraire?
«Les romanciers sont, à mes yeux, des magiciens ayant recours à des illusions sur plus d’une centaine de pages. Les poètes sont aussi très forts, mais les romanciers prennent plus de risques. J’ai une admiration profonde pour eux.»
Ton neuvième ouvrage, Le vieil homme sans voix, paraît en ce mois d’octobre aux Éditions David: peux-tu nous résumer l’histoire dans tes propres mots?
«Oui, c’est l’histoire d’un homme en quête d’affection à un âge où on peut s’éteindre n’importe quand. Il essaye donc de corriger ses échecs. Il est riche et il fut maladroit avec les siens. Aujourd’hui sans voix suite à un choc émotionnel, le vieil homme s’exprime avec des mots écrits et constate qu’il écoute mieux que jamais. C’est alors qu’il écoutera les colocataires de sa maison de retraite. Le lecteur découvrira ainsi le monde des aînés et leurs derniers espoirs et illusions.»
En quoi, du point de vue du processus d’écriture ou des thématiques abordées, ce plus récent roman se distingue-t-il des huit autres que tu as déjà créés, selon toi?
«Dans mon plus récent roman, j’aborde le thème de la vieillesse et la relation frère-sœur. Mon personnage principal est riche et tente de garder l’affection des gens qui l’entourent grâce à sa fortune. Mais il découvre qu’il n’est pas possible de monnayer l’affection! Par ailleurs, il tente de retrouver sa sœur qu’il n’a pas vue depuis vingt ans. Il y parvient, et ces retrouvailles sont un moyen, pour lui, d’explorer le thème des relations fraternelles. De plus, il est aussi question du rôle de la mémoire dans une relation avec une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer. Peut-on accepter d’être pris pour quelqu’un d’autre par une personne qui perd la mémoire? Ou faut-il rappeler notre identité sans cesse à cette personne? Voilà les thèmes que j’aborde dans ce roman.»
«Autrement, mon processus d’écriture reste le même que d’habitude: je m’assois et j’écris. Mon histoire évolue tout au long de l’écriture. Dans mes précédents romans, j’ai exploré différentes thématiques, dont l’immigration, l’amour filial, l’appartenance au pays d’accueil, l’identité franco-ontarienne, le jazz et bien sûr l’amour.»
Si on avait le pouvoir de te faire remonter dans le temps, avec quel.le auteure ou autrice disparu.e souhaiterais-tu partager un souper et pour quelles raisons?
«Romain Gary. C’était le plus grand magicien que je connaisse. Il a publié sous la plume d’Émile Ajar et il est le seul à avoir gagné deux fois le Goncourt (on ne le gagne qu’une fois normalement!) Mais il a trompé tout le monde, tout en le faisant rêver. Je veux savoir pourquoi il a décidé de partir si tôt, dans la soixantaine.»