«Corbeau et Novembre» de Stéphane Achille – Bible urbaine

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«Corbeau et Novembre» de Stéphane Achille

«Corbeau et Novembre» de Stéphane Achille

Une écriture fine remplie de non-dits

Publié le 15 novembre 2013 par Éric Dumais

Crédit photo : XYZ

Avec une histoire en deux temps et une écriture remplie de non-dits, l’auteur Stéphanie Achille livre avec Corbeau et Novembre un roman énigmatique qui nous fait entrer dans la conscience tourmentée d’un employé de bureau aux tendances obsessionnelles-compulsives qui se remémore, suite à un fâcheux incident, les souvenirs qui ont marqué l’été 1984 alors qu’il était âgé de onze ans.

Et cette période charnière de sa pauvre vie semble avoir laissé plus de traces qu’il ne le croyait, car il se retrouve, plusieurs années plus tard, avec la nostalgie de ses souvenirs d’enfance, sensation pénible qui semble avoir été décuplée depuis la mort de sa mère qu’il appelle Suzanne, en raison de leur éloignement évident. Cette façon qu’a Charles-Alexandre Dulong de toujours retourner en arrière, d’emprunter les sombres couloirs de son inconscient pour échapper à ses tâches bureaucratiques, à sa chère To do list, est la façon contournée d’échapper aux risques du quotidien, qu’il juge trop dangereux pour lui. Or, alors qu’il a envoyé par erreur un courriel où s’est glissée une erreur fatale – un employé s’est fait tabasser par sa faute – le lecteur est bringuebaler au rythme de ses souvenirs de l’été 1984 où il côtoyait Kevin, ce jeune adolescent énigmatique de 13 ans qui est venu habité chez lui avec sa mère Jocelyne, et les villageois Helper, Manuel, Corbeau, Novembre, Mme Cartier et M. Leblanc.

Ainsi, Corbeau et Novembre vogue au rythme de ses 432 pages entre présent et passé, chaque chapitre alternant entre deux époques séparées qui n’ont rien à voir ensemble, outre nous apprendre çà et là les détails qui ont marqué Charles-Alexandre à une certaine époque de sa vie. Par son côté ludique, on préfère de loin l’histoire au présent, c’est-à-dire celle qui ouvre les premières pages du livre sur la personnalité troublée mais attachante du protagoniste, qui se retrouve à la tête de l’équipe de rédaction technique, position hiérarchique ironique, puisqu’il a lui-même de la difficulté à prendre soin de sa propre personne. Ainsi, on le suit à travers une suite de situations rocambolesques, de sa To do list à la destruction des serveurs de l’étage pour faire disparaître toutes traces de sa bévue, jusqu’à son lot de souvenirs qui nous replonge en même temps que lui dans une enfance bigarrée entre son amitié pour Kevin et la disparition de Botte-D’eau, qui était son meilleur ami.

Tout en longueur, on aurait préféré que les souvenirs du passé soient raccourcis d’une cinquantaine pages au moins, car l’alternance nous empêche de connaître la suite des évènements présents à une vitesse convenable. Cette manière de s’échapper de son quotidien semble bel et bien être une espèce d’échappatoire pour le protagoniste, mais on ne comprend pas toujours bien le rapport entre son caractère obsessif-compulsif et ses souvenirs d’antan. Outre ses légers bémols, Stéphane Achille signe un roman à la fois ludique et percutant qui demeure un véritable plaisir de lecture.

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