«Corax» de Stéphane Dompierre: le 5e étage inquiétant de L’Orphéon – Bible urbaine

LittératureRomans québécois

«Corax» de Stéphane Dompierre: le 5e étage inquiétant de L’Orphéon

«Corax» de Stéphane Dompierre: le 5e étage inquiétant de L’Orphéon

Publié le 29 novembre 2012 par Jean-Francois Lebel

L’Orphéon est une nouvelle série parue chez VLB éditeur, qui offre un concept innovateur et une expérience de lecture différente de ce que l’on connaît en tant que lecteur. «L’Orphéon est un édifice à bureaux dont les cinq étages sont respectivement peuplés par les personnages de cinq auteurs de talent. Le lecteur est invité à visiter l’immeuble un roman à la fois, à son gré, dans l’ordre ou dans le désordre». La lecture de cette série commence donc avec un choix à faire: par quel étage entreprendre la visite?

Au moment où l’on rencontre Louis Corax, trentenaire célibataire et peu sociable, il est déjà riche et confortablement installé au sommet de ce bâtiment dont il est le propriétaire. Ayant empoché trente-trois millions, il a démissionné de son travail de postier et n’a plus aucune obligation à respecter. Ce millionnaire apprécie la solitude et sa routine matinière qui inclut de bons cafés, de l’elliptique et du Pilate. Le roman étant rédigé à la première personne, on apprend rapidement à connaître et à trouver sympathique ce personnage de millionnaire solitaire et rationnel.

Ce confort est pourtant rapidement perturbé par des évènements mystérieux qui commencent à se produire dans le loft qu’occupe Louis Corax. Au début, ce qui survient lui semble assez mineur: la découverte d’un petit oiseau en origami. Malheureusement pour lui,  ce n’est que le premier d’une série d’épisodes tous plus inquiétants les uns que les autres. L’ex-postier sentira son intimité violée, il commencera à avoir peur et ne se sentira plus en sécurité dans son propre appartement. Bref, vient un moment où il n’est plus en mesure d’expliquer de manière rationnelle et logique les phénomènes qui se déroulent dans son environnement. Le Corax est un roman que l’on dévore et où l’on atteint l’apogée lors de la finale qui est surprenante et poignante. Vous en resterez bouche bée.

C’est la première fois que Stéphane Dompierre écrit dans le suspense et espérons que ce ne soit pas la dernière. Certaines scènes suscitent le même type de réactions que lors de l’écoute d’un film d’horreur. Vous aurez des frissons dans le dos et peut-être même l’envie de crier. Ces émotions fortes sont entrecoupées avec un autre récit empreint de délicatesse et de sensibilité. L’’équilibre qui découle de ces deux histoires racontées parallèlement aide à l’ambiance inquiétante et les liens existants entre elles permettent au lecteur d’essayer de trouver une hypothèse pour expliquer les évènements.

Chaque roman de la série est complet en soi et indépendant aux autres, mais on sent une réelle collaboration entre les auteurs. On mentionne les personnages des autres étages à quelques occasions et on a parfois droit à une courte interaction avec un personnage d’un autre roman. Ces pistes subtiles sont suffisantes pour susciter la curiosité et pousser le lecteur à visiter les autres étages de l’édifice et, avec un Corax si prometteur, il est évident que l’on est tenté de lire les autres. Il faut simplement se rappeler que ce n’est pas une série habituelle.

Cinq auteurs différents impliquent cinq styles et cinq univers, faisant de L’Orphéon le concept innovateur qu’il mérite d’être. En espérant que les auteurs qui participent au projet et qui sont davantage connus du grand public – pensons à Stéphane Dompierre et à Patrick Sénécal – permettront d’offrir une belle visibilité à la série et de découvrir des auteurs avec lesquels le grand public n’est pas nécessairement familier.

Dans la même série:

  • Roxanne Bouchard, Crématorium Circus
  • Geneviève Janelle, Odorama
  • Véronique Marcotte, Coïts
  • Patrick Sénécal, Quinze minutes

Pour lire notre dossier complet sur les cinq tomes de L’Orphéon, cliquez ici!

Appréciation: ****1/2

Crédit photo: VLB éditeur

Écrit par: Jean-François Lebel

Vos commentaires

Revenir au début