LittératureRomans québécois

«Conquistador» de Paul-Christian Deroo aux éditions Recto-Verso
Une conquête un peu beige
Crédit photo : Recto-Verso
Ce roman est le premier en carrière de Paul-Christian Deroo, publié aux Éditions Recto-Verso, une nouvelle maison d’édition qui a vu le jour il y a quelques mois seulement. Conquistador porte des traces du bagage de l’auteur qui doit y mettre du sien, lui-même fils d’immigrants français. Conquistador raconte une histoire ordinaire et extraordinaire à la fois, tourmente dans laquelle le personnage nage et qu’il tente d’exorciser par l’écriture, pleinement conscient de ce fait qui vient nous titiller. On ne peut distinguer si l’auteur nous confond volontairement, mais si oui, l’effet est réussi.
D’une enfance passée à se défendre et à être ridiculisé, à une adolescence précipitée trop rapidement dans les vices de la vie adulte, le personnage principal sombre dans ce que le Montréal des années 60-70 a de pire à offrir. Encore une fois, on constate à quel point l’industrie du sexe et toute la racaille qui vient avec peut détruire une vie en si peu de temps, cruellement.
Les chapitres de l’homme plus jeunes sont entrecoupés d’intermèdes où il se retrouve beaucoup plus âgé et où l’écriture est complètement sans syntaxe: une série de mots entrecoupés de points très fréquents. Ce style d’écriture périodique nous fait osciller entre l’efficacité et l’agacement, car il nous plonge dans la tourmente de l’homme devenu plus vieux, mais perd de son punch avec l’usure.
Le style d’écriture est correct, pas particulièrement stylistique. Cependant, il a le mérite de nous amener sans qu’on s’en rende compte dans l’enfer noir de l’esprit tordu du personnage, dont on ne connaît jamais le nom. On y glisse lentement, inconsciemment, jusqu’à ce qu’on réalise qu’on est foutu, qu’on n’a jamais appris à voir autrement que de manière aussi autodestructrice. Et on réalise qu’on a passé à côté de sa vie, mais aussi de sa santé d’esprit.
Conquistador de Paul-Christian Deroo se lit facilement, d’une traite même, mais sans véritablement accrocher le lecteur. On poursuit la lecture pour deviner la suite, mais on referme le roman ensuite. On a l’impression d’avoir fait chemin avec une histoire correcte, un peu divertissante, mais qui ne marque malheureusement pas l’esprit. Notre questionnement incessant sur les véritables intentions de l’auteur finit par prendre le dessus sur l’histoire elle-même. Dommage.
Junkie d'essais politiques
Diplômée en journalisme à l'UQÀM et journaliste pigiste un peu hyperactive, Audrey Neveu a une soif de savoir.
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