«Confessions post-référendaires – Les acteurs politiques de 1995 et le scénario d’un Oui» de Chantal Hébert et Jean Lapierre

Vingt ans plus tard, les plaies ne sont clairement pas pansées pour les acteurs de cette lutte politique fatidique. Le livre a eu l’effet d’une petite bombe dans le milieu politique. Tous subitement sur la sellette de ce scénario qui est passé à un cheveu (ou plutôt à 55 000 voix) de se réaliser, ils révèlent leurs souvenirs, parfois amers, parfois enjolivés par les années. Une seule conclusion unanime en ressort: un Oui aurait signifié un basculement irréversible du Canada.

Pour ceux qui n’auront jamais vécu le référendum de 1995, Confessions post-référendaires jette une lumière particulière sur ce moment important de l’histoire canado-québécoise transformé par le passage des années. Les manuels scolaires insistent trop peu sur les dissidences au sein même des camps du Non et du Oui, de l’empressement du premier ministre québécois de l’époque, Jacques Parizeau, à déclarer l’indépendance du Québec, advenant une très mince victoire et même l’absence de stratégie fédérale si le Oui l’emportait. Ces révélations sont à la fois rafraîchissantes, surprenantes et un peu déprimantes.

D’une pertinence incroyable, Chantal Hébert ratisse large et réussit à former un tableau assez complet de la lutte politique entourant le fatidique soir du 30 octobre 1995. C’est grâce à la contribution de Jean Lapierre, qui se qualifie avec autodérision comme étant la «mémère» du duo, que les portes closes ont pu s’ouvrir à la journaliste chevronnée qu’est Chantal Hébert. Parmi tous les politiciens interviewés, Daniel Johnson a été celui pour qui la rencontre a été la plus difficile à mener, semblable à un «arrachage de dents», même si son camp l’a finalement emporté.

Cet essai enlevant regorge de secrets longtemps gardés et enfin dévoilés, d’amitiés sincères et d’autres tenant le temps d’une guerre. Confessions post-référendaires: les acteurs de 19 politiques de 1995 et le scénario d’un Oui est probablement l’ouvrage politique de l’année. Malgré le temps passé, il fait encore mal au cœur des souverainistes et fédéralistes, mais se révèle un mal nécessaire pour comprendre notre histoire.