LittératureRomans québécois
Crédit photo : Les Éditions Cardinal
Connue du public pour ses rôles au petit écran (Annie et ses hommes, Unité 9), Émilie a aussi partagé une série de chroniques d’autofiction à l’émission Plus on est de fous, plus on lit en tant que lectrice de belles choses qui vont droit au cœur.
Cette amoureuse des mots a par la suite monté un spectacle intitulé Chroniques d’un coeur vintage afin de mettre en scène ces mêmes chroniques. Ce spectacle, à l’intérieur duquel elle a rassemblé ces partages d’intimité, a été présenté au Festival international de la littérature en 2017 et, par la suite, au Théâtre La Licorne, en 2018.
Passer de la parole au papier
Son livre Cœur Vintage rassemble donc des chroniques provenant de cet élan créatif qui donnent l’impression de se lover dans son quotidien. L’oeuvre est composée de cinq courts textes reliés par de petits interludes qui permettent de mieux comprendre la source historique de ces confidences textuelles. Ce sont cinq textes entrecoupés de passages qui abordent les thématiques de l’amour et de la peine qui s’ensuit, des liens familiaux, de notre rapport face au deuil et le gluten, aussi!
L’auteur nous fait ainsi valser à travers ces préoccupations intimes en s’adressant à nous comme sur une note de confidence amicale. On sent ce désir de vouloir bâtir un pont avec le lecteur à l’aide d’une écriture accessible, parfois menée à la deuxième personne, mais toujours parsemée de passages relatant les secrets du quotidien urbain: «Novembre, sa lumière de marde, l’odeur de brûlé des calorifères rackés de l’été pis les métros toujours en panne».
En toute franchise, j’ai lu ce livre d’un charmant format d’un seul trait. Ce fut une douce lecture, accompagnée d’images aux couleurs pastels, de l’illustratrice Valérie Darveau. Les dessins, simples mais ô combien attendrissants, mettent de l’avant le tracé simple d’un coeur, symbole qui vient rappeler tout l’aspect émotif de la thématique et la façon dont l’auteure la met de l’avant, avec douceur. On a, de ce fait, l’impression que le livre nous dit: «C’est OK, des fois c’est toff, mais on est tous dans le même bateau!»
Il est agréable de voir émerger au cœur de chacun de ces textes de multiples citations d’autrices et d’auteurs connus. Émilie Bibeau utilise en effet la sagesse de Dany Laferrière, de Jacques Godbout ou d’Hélène Dorion pour venir pigmenter son texte de phrases clés telles que: «Et si nous avions le temps d’arrêter d’être effrayés par nos tendresses et nos chutes communes» (Hélène Dorion). Quoi de mieux, pour venir souligner ces partages de quotidien si communément vécus, que de le faire avec la poésie des grands? Ce partage des voix vient ajouter une profondeur au propos pour nous mettre en contact avec des phrases percutantes qui marquent l’esprit. Double plaisir, donc, que celui de lire l’auteure et ses références.
Coeur Vintage, en toute honnêteté, m’a toutefois laissé un peu sur ma faim. J’aurais voulu plonger un peu plus loin dans les méandres émotionnels de l’auteure. Au final, l’ouvrage est peut-être un peu trop doux pour moi, puisqu’il aborde les thématiques de la peine d’amour, de la nostalgie et de la solitude, toujours avec une agréable politesse.
Voilà, en définitive, une lecture réconfortante, une lecture qui nous rappelle que nous vivons quotidiennement avec des questionnements, que ce soit sur l’amour, le passé ou même l’inquiétude de la solitude. C’est une lecture qui nous rappelle aussi que la littérature et ses auteurs sont là pour nous supporter à travers ces aléas.
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de la rédaction