LittératureRomans québécois
Crédit photo : Druide
Emma a mis du temps à assumer son don de communicatrice avec l’au-delà. Incrédule au départ, elle a dû se rendre à l’évidence: ce sont bien les morts qui entrent sans crier gare dans son esprit pour communiquer des messages aux vivants. L’audelàienne (c’est le surnom qu’elle se donne) reçoit un beau jour la visite bien réelle de Marielle Denoncourt, une femme d’âge mûr à l’air revêche qui vient de perdre son mari, Louis-Joseph Denoncourt. Celui-ci avait également une maîtresse et il a décidé avant son décès de lancer les deux femmes dans une chasse à l’héritage. Parallèlement, pour le même motif, le détective privé Jean-Simon Pellerin est contacté par Angélique Radisson (la maîtresse), qu’il décrit comme une pitoune dans la jeune quarantaine.
Marielle et Angélique sont venues demander de l’aide. En effet, Louis-Joseph a légué une partie de sa fortune à la première des deux femmes de sa vie qui arrivera au but de la chasse au trésor concoctée avant sa mort. Est-ce une forme d’humour ou de la cruauté morale? Le lecteur, au départ, se pose la question, mais tout s’éclaircira grâce à la médium. Le très prévoyant futur défunt avait préparé toute une série d’instructions écrites (sous forme d’énigmes) destinées à son épouse et à sa maîtresse. Une fois disparu, Louis-Joseph continue de tirer les ficelles en communiquant avec Emma, mais il bénéficie aussi de l’aide de son chauffeur Marcel, qui veille au grain. Cependant, ce que découvrent Marielle et Angélique à l’issue de cette quête à l’héritage vaut bien plus que la fortune convoitée.
Le récit est raconté en alternance par Emma et Jean-Simon. Les courts chapitres, ainsi que les changements de lieux fréquents (de Montréal à Paris, en passant par New York), tiennent le lecteur en haleine. Les quatre personnages principaux sont (volontairement) stéréotypés et tout semble les opposer. Marielle, taciturne et grise de la tête aux pieds, est l’antithèse parfaite d’Angélique, avenante et (trop) bavarde. L’humour au second degré d’Emma, son sens de la répartie, ses néologismes et sa bienveillance vis-à-vis de ses clients font d’elle un personnage principal très vivant et sympathique. Par contre, Jean-Simon est un peu dépassé par les évènements et il joue plutôt un rôle de faire-valoir auprès de la médium. Il faut reconnaître qu’Emma possède un gros avantage sur lui, à savoir le contact direct avec Louis-Joseph.
L’intrigue de Ce ne sera pas si simple est plutôt prévisible, mais pour certains lecteurs cela fait partie du plaisir des comédies légères. Pour les autres, ceux qui aiment un peu plus de surprises, l’histoire gagnerait sans doute à être adaptée au grand écran (il faudrait en parler à Woody Allen, ce serait tout à fait dans le style de ses derniers films…). En conclusion, le lecteur se plaît à suivre les tribulations de ces personnages en quête d’eux-mêmes et le dénouement dans le plus pur style happy end ne gâche pas son plaisir. Tous les ingrédients sont réunis pour passer un agréable moment de lecture.
«Ce ne sera pas si simple» d’Annie L’Italien, Éditions Druide, 2013, 248 pages, 19,95 $.
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de la rédaction