«La belle histoire d’une vieille chose» de Louis Émond et Steve Adams

La belle histoire d’une vieille chose raconte la vie d’une voiture du point de vue de celle-ci. Elle nous raconte son acquisition par son premier propriétaire jusqu’au moment où elle a été délaissée, voire oubliée. Son histoire s’est perdue dans les souvenirs de ceux qui l’ont connue et, maintenant, elle n’est qu’un divertissement pour les enfants qui jouent dans le champ.

Louis Émond a écrit son récit à la première personne du singulier. À travers son récit, la voiture bleue partage ses émotions et ses propres souvenirs, faisant vivre celles-ci à ses lecteurs. Les phrases courtes ponctuent la lecture tout en créant une certaine nostalgie, comme si la douleur, mais aussi la joie, étaient toujours vivantes. Le lecteur se sent ainsi très proche de cette voiture. Il partage le sentiment d’être un membre de la famille. Rapidement, il pense aux objets qui ont traversé les générations de sa propre famille.

Le récit de Louis Émond met de l’avant notre relation avec les objets. D’abord, il nous rappelle que ceux-ci peuvent nous faire vivre de nombreuses émotions, notamment en éveillant en nous des souvenirs. Puis il nous montre l’importance de réparer les objets plutôt que de les jeter. Et, par le fait même, de les transmettre aux générations suivantes. Celles-ci pourront ainsi se créer leurs propres souvenirs.

La rencontre entre les émotions et la transmission permet de constater que les objets rassemblent les personnes, par exemple en provoquant leur rencontre, en les conduisant dans les sorties familiales, en rapprochant un père et un fils autour d’un projet commun, etc. La belle histoire d’une vieille chose nous rappelle ces éléments si fondamentaux dans une relation entre les personnes et leurs objets.

Le choix de l’illustrateur, Steve Adams, est par le fait même pertinent. Son style permet de mettre en la lumière ce récit émouvant, car ses illustrations ne sont pas surchargées de détails. De plus, le choix des couleurs est tout aussi éloquent. Les couleurs chaudes et neutres mettent l’accent sur cette voiture bleue pimpante. Il faut souligner aussi que la dimension de l’album (14 pouces [36 cm] x 10 pouces [10 cm]) contribue à ce sentiment de confort, de famille.

La dimension d’un album joue un rôle sur l’expérience du lecteur. Ce dernier doit le tenir à deux mains, ce qui n’est pas sans rappeler les contes d’autrefois lus, par exemple, par Fanfreluche. Le lecteur s’y sent engouffré. Son regard ne peut déborder des pages de l’album. En réalité, il est complètement absorbé par les illustrations ainsi que par le récit.

Le lecteur se sentira interpelé par La belle histoire d’une vieille chose. Il aura le sentiment d’avoir déjà vécu cette histoire alors qu’il ne s’en était même pas rendu compte. Les souvenirs referont surface. Si vous êtes un parent lisant ce livre avec votre enfant, c’est le moment de discuter avec lui de l’importance qu’ont les objets dans sa vie. Il pourra sûrement vous rappeler de nombreux souvenirs avec son toutou ou sa doudou favorite.

Avec La belle histoire d’une vieille chose, Louis Émond et Steve Adams nous rappellent que même les vieilles choses ont une histoire. Et que ces vieilles choses ont contribué à bâtir l’histoire de plusieurs d’entre nous.

Il s’agit d’une véritable histoire d’amour aux couleurs sépia.