LittératureBandes dessinées et romans graphiques
Crédit photo : La mauvaise tête
À travers le personnage de Daniel, Main d’œuvre raconte la réalité des mineurs qui travaillent dans le Nord à coups de contrats de cent jours par année, entrecoupés de deux semaines de pause.
C’est avec beaucoup de justesse et d’empathie qu’elle rend compte de l’ennui et de la solitude de ces hommes qui vivent loin de leur famille et de la difficulté pour eux de cultiver une relation amoureuse durable dans ces conditions… Même si les contrats dans les mines sont assez payants, les conditions de travail difficiles et parfois dangereuses grugent les travailleurs et les empêchent de prévoir des projets à long terme. Le bar du village leur permet de se changer les idées occasionnellement, mais ce réconfort n’est jamais de très longue durée.
Les dessins d’Ariane Dénommé accompagnent parfaitement le récit de Daniel grâce à des paysages très précis et un travail du noir et blanc minutieux. La bédéiste rend bien compte de l’ambiance glauque dans laquelle les hommes passent l’essentiel de leur année. Les pages ont également été volontairement noircies pour faire échos à la saleté des mines.
Toutefois, les illustrations auraient été encore plus réussies si les visages des personnages avaient été plus expressifs et personnalisés. On remarque peu de différence entre les expressions de Daniel, de sa blonde Carole ou de ses collègues, par exemple.
À l’heure où le gouvernement présente le Plan Nord comme une option prometteuse et alléchante pour les travailleurs québécois, Ariane Dénommé montre avec subtilité et empathie l’autre côté de la médaille de cet environnement aride.
Main d’œuvre a la force de renouveler le regard que l’on porte sur le quotidien des mineurs.
«Main d’œuvre» d’Ariane Dénommée, La mauvaise tête, 114 pages, 24,95 $.
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Par La mauvaise tête
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