«Avis de décès – Les tribulations d’un croque-mort» de Daniel Naud

La mort fait peur, et discuter de la fin ultime peut être une entreprise délicate et particulièrement triste. Cependant, c’est aussi un sujet qui suscite de vives interrogations, et Daniel Naud nous ouvre la porte sur ce monde mystérieux. Il y explique son rôle de thanatologue, sa perception de la mort et des rites qui l’entourent, ainsi que ses propres sentiments par rapport aux situations auxquelles il a participées. Il mentionne sa conviction personnelle, à plusieurs reprises, qui est d’honorer les défunts et d’accompagner leur famille. Il nous offre également un aperçu des manipulations techniques nécessaires à la préservation d’un corps pour des fins d’exposition, sans toutefois donner trop de détails répugnants.

Il raconte comment il s’est intéressé au métier de croque-mort, en quoi consiste réellement sa profession, le jargon (les p’tits bonhommes verts et la bière) et répond aux questions que l’on a toujours voulu poser: comment cela se passe-t-il lorsque la morgue doit récupérer un corps? À quel moment est-ce que la décomposition commence? Quels sont les risques associés au métier et quelle est l’odeur de la mort? Sur ce dernier point, l’écrivain donne une description complète, dans les moindres détails, on comprend alors qu’entre regarder une telle scène à l’écran et la vivre, c’est très différent. Bref, ces explications contribuent à donner une meilleure compréhension au lecteur de ce qui entoure la mort et des lieux où celle-ci peut survenir, en l’occurrence les accidents de la route.

Un des aspects intéressant de ce récit est que M. Naud parle avec une franchise désarmante de ses émotions. Il nous fait part des défunts qui ont marqué sa carrière et des défis inhabituels que certains cas ont apportés. Il y a aussi quelques anecdotes où la fiction semble surpasser la réalité, créant un sentiment d’inconfort, voire d’incrédulité, et pourtant l’auteur en a été témoin! Sur une note plus joyeuse, l’auteur nous raconte comment, grâce à son travail, il a rencontré la femme qui allait devenir son épouse dans un cimetière!

Bien que ce récit pourrait sembler morbide, il est empreint de sensibilité et fait preuve de beaucoup d’humanité. Par moments, vous serez émus par l’histoire des défunts dont M. Naud s’est occupé et le lien qu’il a entretenu avec les endeuillés. Il y a d’autres histoires qui sont moins intéressantes du point de vue du lecteur, mais qui ont sûrement une grande signification pour le narrateur. Gardons en tête que ce ne sont pas tous les faits vécus qui font de bonnes histoires.

Ce livre de 242 pages se lit pourtant rapidement et, bien qu’il y ait des moments funestes, il y a également quelques situations cocasses qui vous feront sourire. Cet ouvrage satisfait la curiosité que l’on a par rapport au domaine funéraire et à la thanatopraxie, mais le style d’écriture, qui se rapproche dangereusement de l’histoire orale, n’est pas toujours concis, ce qui nuit légèrement à la fluidité de la lecture.