«Attaches – une histoire grise» de Geneviève Drolet

Avec Attaches – une histoire grise, Geneviève Drolet signe un troisième roman réaliste qui explore les rouages du cœur humain dans un récit épistolaire inspiré de ses nombreux amis «gars», qui lui ont permis de mettre de la chair sur les traits de son protagoniste. Loin d’être complexe, Alexi est au contraire un trentenaire plutôt banal, qui va un peu malgré lui connaître les hauts et les bas de l’amour, car son cœur ne sera pas en reste bien longtemps lorsqu’il fera la rencontre d’Yvonne, cette fille insistante qui le fixait intensément lors d’une fête organisée par un collègue de travail.

Explorant la nature du coup de cœur, Geneviève Drolet nous présente un homme qui va tomber en amour aussi vite que son ex Mian a quitté la salle de bain cette journée-là, avec cette Yvonne sortie de nulle part qui l’a séduite par son charme irrésistible, son esprit rusé et «son nom qui sentait la guimauve et le savon à la rose.» Le seul hic, c’est qu’il se sert de ce nouveau chapitre de sa vie pour enterrer les restes de son passé, qui n’ont pas encore été enfouis totalement. Jonglant entre les remords de son ex, les conseils peu avisés de son ami Angelo et l’esprit volatile d’Yvonne, qui n’a pas l’air prête à s’engager du tout, Alexi se retrouve à un carrefour de sa vie où il va devoir faire un choix, et vite à part de ça.

Après Sexe chronique et Le reflet de la glace, l’auteure livre son roman le plus léger, mais aussi le plus intime, puisque la forme épistolaire force le lecteur à plonger tête première dans les confessions d’un homme en quête de l’amour avec un grand A. À travers ce récit à la forme aérée tantôt crève-cœur, tantôt humoristique, on sent également une auteure plus en maîtrise de sa plume, qui multiplie les métaphores pour toujours livrer des images «punchées» et faire sourire ses lecteurs. Avec en plus quelques segments biffés au crayon, qui servent à représenter les idées contradictoires du personnage d’Alexi, cela rappelle aussi au lecteur qu’il est en train de lire une correspondance, même s’ils n’ont pas toujours une utilité concrète.

Mais à qui peut être adressée cet échange? L’histoire évoluant librement et simplement, on se laisse envoûter par ce tricot de mots bien agencés qui nous donnent envie d’en lire plus, sans toutefois s’attarder à ce détail fondamental. Et la beauté de la chose, c’est qu’au grand dévoilement, on ne s’y attendait même pas.

«Attaches – une histoire grise» de Geneviève Drolet, Éditions Tête première, 183 pages, 19,95 $.