Littérature
Carla Gunn avait été remarqué par la critique au moment de la parution de son premier roman. Traduit de l’anglais par Myriam Legault, Amphibien (Prise de parole, 2013) est un récit à saveur écologique mettant en scène un jeune garçon passionné par le règne animal. Cet attachant personnage permet à l’auteur d’aborder une tonne de thèmes sérieux dont la mort d’un proche, l’intimidation en milieu scolaire et la relation mère-fils.
Phineas William Walsh, 9 ans, est en quatrième année et se distingue des autres enfants de son âge. Ce jeune garçon, dont la résolution du Nouvel An est de sauver au moins une espèce animale de l’extinction, se préoccupe sérieusement du sort de la planète. Le réchauffement climatique n’est tout de même pas le seul problème qui l’inquiète. Phin vit difficilement la séparation de ses parents, l’absence de son père qui travaille comme correspondant à l’étranger, la mort de son grand-père et le harcèlement qu’il subit de la part de Lyle à l’école. Mme Wardman, son enseignante, n’aidera en rien en choisissant une grenouille originaire de l’Australie comme animal de compagnie pour la classe. Heureusement, il n’est pas complètement laissé à lui-même; son meilleur ami Bird voudra bien embarquer avec lui dans une mission pour libérer Cuddles, la rainette.
Le récit étant raconté à la première personne, Phineas est le personnage que l’on explore le plus en profondeur. Il est vif d’esprit, intelligent, sensible (abusivement), logique et doté d’une mémoire incroyable pour retenir tous ces faits concernant les animaux. Ses arguments et ses raisonnements laissent généralement les adultes de son entourage sans réponse. Il est aussi un excellent vulgarisateur, ce qui donne une puissance surprenante à ses explications et à ses exemples.
Lorsque sa mère lui dit qu’il ne peut considérer la rainette comme une personne, car les grenouilles ne sont pas aussi intelligentes que les humains, il lui répond simplement:
«Si des extraterrestres descendaient sur Terre et qu’ils étaient mille fois plus intelligents que les êtres humains, serait-il correct qu’ils attrapent tous les êtres humains à l’aide de filets et les isolent dans des cages et les nourrissent de temps à autre et les regardent se heurter la tête contre la paroi de verre jusqu’à ce qu’ils meurent?»
Le lecteur assiste justement à la détérioration de cette relation mère-fils. Phin vit seul avec sa mère. Cette dernière a du mal à gérer et à comprendre l’anxiété que ressent son fils face aux problèmes environnementaux. Bien souvent incapable de s’endormir seul pour cette raison, Phineas finit généralement par aller se coucher aux côtés de sa maman. Impuissante, elle ira chercher de l’aide auprès d’un professionnel.
Malgré ce résumé qui pourrait faire croire à beaucoup d’actions, Amphibien ne repose pas sur une trame narrative complexe. À l’exception du sauvetage de la grenouille, il n’y a pas ou peu de suspense et l’histoire évolue lentement, suivant les déboires du quotidien de Phin. Superposées au fait qu’il n’y a aucune division (chapitres, parties) dans le roman, les longueurs se font donc ressentir davantage.
Une lecture, somme toute, agréable, mais que l’on étale sur plusieurs courtes périodes. Le récit engageant peu le lecteur, on le recommande aux amoureux des animaux qui y apprendront plusieurs faits intéressants. Sinon, on y trouve quand même de belles (et sages) paroles écologiques.
Appréciation: ***
Crédit photo: Éditions Prise de parole
Écrit par: Jean-François Lebel