«Amour et autres violences» de Marie-Sissi Labrèche: l’amour hardcore – Bible urbaine

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«Amour et autres violences» de Marie-Sissi Labrèche: l’amour hardcore

«Amour et autres violences» de Marie-Sissi Labrèche: l’amour hardcore

Publié le 13 mars 2012 par Éric Dumais

Borderline, le premier roman de Marie-Sissi Labrèche, a été chaudement acclamé suite à son adaptation par Lyne Charlebois (Tabou, Nos étés) en 2007. Le film met en scène Isabelle Blais dans le rôle d’une jeune fille aux prises avec de graves problèmes de comportement. Dans son recueil de nouvelles Amour et autres violences, paru récemment aux Éditions du Boréal, l’écrivaine et journaliste explore l’amour sous toutes ses formes avec humour noir et plaisir sadique.

Fantasmes, perversion, imagination débridée, détournement de mineur, suicide, mort, anxiété, dépression, antidépresseurs, manie, douleurs, meurtre, étranglement, plaisir coupable, corps défigurés, pauvreté, infidélité, sexe, pouvoir, manipulation, fellation, esclavagisme, religion, violence, âmes en peine, prostitution, misère, tant de thèmes que Marie-Sissi Labrèche a rassemblés, pour notre vilain plaisir, dans douze nouvelles ayant toutes été publiées de 1995 à 2009 dans des revues littéraires de renom, notamment XYZ, Zinc, Jet d’encre, Cahier Folio/Culture et Autrement.

Amour et autres violences est la lecture idéale pour satisfaire les fantasmes les plus pernicieux que vous puissiez imaginer. D’une part, parce que l’auteure nous fait voyager avec aisance et contrôle dans l’esprit dérangé de protagonistes tantôt pervertis par l’alcool, la drogue ou les antidépresseurs, tantôt par la misère, la violence et la manipulation psychique, et parce qu’elle réussit, d’autre part, à les entraîner au sommet de leurs pulsions les plus nocives et primitives. Son arme redoutable, l’écriture, met de l’avant une richesse stylistique sans précédent, où les mots deviennent des métaphores et où les métaphores deviennent des images d’une sombre cruauté.

«La poignée de cheveux arrachés, des romans à profusion, j’aime que tu lises, j’aime t’encourager, tu es un génie, excuse-moi, excuse-moi excuse-moi, idiote idiote, pathétique pathétique, voilà comment elle se sentait, surtout devant ses amies à ne pas tout leur dire, bien sûr, elle a son orgueil, son amour-propre pour lui, son amour sale pour elle.»

Dans ce recueil, qui multiplie peut-être un peu trop les redondances stylistiques et thématiques, il n’y a aucun répit donné au lecteur, sauf s’il décide, de son propre chef, de fermer temporairement le livre afin de reprendre ses esprits. De plus, rares sont les histoires où les personnages «vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants»! Les nouvelles «Travelling» et «Ma mère Bud Spencer et la soupe Campbell», grâce à leur caractère ludique, détendent un tant soit peu l’atmosphère, laquelle est parfois aussi tendue qu’un fil de funambule. Autrement, les amateurs de sensations fortes aimeront peut-être lire et relire les excellents récits érotiques et sanglants «La montgolfière», «J’ai dix doigts» (l’un des textes gagnants du concours de la revue Nouvelles fraîches en 1997), «Canne et étoiles» ainsi que «Moi, mon mari et mes deux petits».

Pour les adultes et adolescents avertis.

«Amour et autres violences»
Éditions du Boréal
156 pages
19,95 $

Appréciation: ***

Crédit photo: Martine Doyon

Écrit par: Éric Dumais

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