3 œuvres littéraires qui font exploser le réel

«Le vrai monde?» de Michel Tremblay • Leméac • Théâtre

Commençons ce survol avec la pièce de théâtre Le vrai monde? de l’écrivain dramatique Michel Tremblay. À travers cette œuvre, parue en 1987, ce dernier explore la multitude des réalités en se questionnant sur le rôle et les risques de l’écrivain dans la production de vérité et de mensonge dans ses œuvres.

Claude, un jeune homme caressant le rêve de devenir écrivain, écrit une pièce de théâtre qui met en scène des personnages inspirés des membres de sa famille: son père, sa mère et sa sœur. Cette mise en personnages des membres de sa famille ne plaît pas à sa mère, qui n’approuve pas cette étonnante version de la réalité.

Dans Le vrai monde?, les personnages et leurs projections se côtoient dans la maison familiale, le lieu de tous les conflits – ou en partie… Tout au long de la pièce, une question se pose: «Où est le vrai monde lorsque chacun crie au mensonge?»

«Trois fois dès l’aube» d’Alessandro Baricco • Gallimard • Roman

Le deuxième roman que je vous propose est celui de l’écrivain italien Alessandro Baricco. Trois fois dès l’aube, paru originellement en 2012, est la réunion de trois histoires dans lesquelles les deux mêmes personnages se rencontrent dans une temporalité et un contexte différent. Peu à peu, les évènements s’entrecoupent et se concluent à l’aube, sur la note d’un nouveau départ.

Si, dans la pièce de Michel Tremblay, on assiste à l’éclatement de la réalité, chez Baricco, les histoires sont soumises à un brouillement de celle-ci. Où commence-t-elle et où finit-elle? L’écrivain utilise avec adresse la fiction comme terrain de jeu à la temporalité et à la destinée!

«L’insoutenable légèreté de l’être» de Milan Kundera • Folio • Roman

Je termine cette excursion avec le roman de l’écrivain tchèque Milan Kundera, paru pour la première fois en 1984. L’histoire se situe dans le contexte du Printemps de Prague en Tchécoslovaquie en 1968. Chacun des chapitres explore la vie, les désirs et les relations d’un personnage parmi trois protagonistes. Le thème qui nous intéresse pour cet article est celui de «la vie comme partition musicale».

La pluralité des réalités est explorée ainsi dans L’insoutenable légèreté de l’être. Ce monde objectif, les individus se l’approprient en fonction de leurs expériences, de leurs souvenirs. Chaque élément de la réalité est teinté d’une signification variant d’un individu à l’autre. L’ensemble de ces associations compose une partition qui se définit et se solidifie au fil du temps, d’où la difficulté que rencontrent deux personnes à un âge avancé de faire accorder leur partition respective.

Ainsi, si le théâtre de la vie humaine est une expérience qui peut apporter son lot de souffrances et de joies, il est un phénomène fascinant, un nid fertile à la création… et aux discussions! Il semble qu’à l’issue des mille réflexions qui émergent de mon expérience personnelle en regard de la multiplicité des mondes, l’observation et la curiosité soient les attitudes qui facilitent leur coexistence. J’espère que le regard porté par ces œuvres saura vous plaire!

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