Littérature
Crédit photo : Tous droits réservés @ Montage: Lucie Laumonier
Pour les détectives en herbe: «Les enquêtes de Sgoubidou» de Cathon
Pas Scooby-Doo…. Sgoubidou! Ce dernier ouvrage de la géniale Cathon est parfaitement résumé par la quatrième de couverture: «Suivez le célèbre détective canin Sgoubidou au dépanneur, au bingo et au parc d’attractions dans de maigres intrigues aux dénouements décevants». Tout un programme!
Hommage aux films de série B et aux médiocres romans de détectives, l’album met en scène un Sammy incompétent, mais vraiment willing d’enquêter, et son mollasson chien Sgoubidou.
On suit nos deux (anti)héros dans leurs aventures plates pour le plus grand plaisir de nos muscles zygomatiques. La bédéiste a chapitré son ouvrage en petites enquêtes, ponctuées d’amusantes publicités rétros pour des produits qu’on adorerait acheter.
Cet album aux lignes flageolantes et à l’humour décapant est une BD-bonbon parfaite pour se détendre, une tasse fumante entre les mains.
Les enquêtes de Sgoubidou de Cathon, Pow Pow, novembre 2020, 120 pages, 19,95 $.
Pour les nostalgiques: «Bouées – Dérives identitaires, amours imaginaires et détours capillaires» de Catherine Lepage
Coup de cœur de cette sélection, Bouées est un roman graphique signé Catherine Lepage et récemment publié aux Éditions de la Pastèque.
L’autrice nous raconte son adolescence dans les années 1980 et 1990, depuis son entrée au secondaire jusqu’à ses années de jeune adulte. Cette coming of age story a pour fil rouge les évolutions capillaires de Catherine, qui tente tant bien que mal d’être acceptée et aimée.
Réflexion soignée sur la quête d’identité qui caractérise l’adolescence, l’ouvrage est rempli d’humour et de sensibilité.
Le dessin est réalisé en bleu-vert et rose, des teintes qui détonnent et mettent en valeur les répliques piquantes des protagonistes. Du heavy metal à la country, du secondaire au ranch du chum de son amie, Catherine Lepage offre un roman graphique terriblement attachant et plein d’autodérision.
Un must-have pour quiconque a survécu les affres de l’adolescence et contemple, mi-gêné, mi-attendri, ses photos du secondaire.
Bouées de Catherine Lepage, La Pastèque, novembre 2020, 172 pages, 27,95 $.
Pour les amateurs de sagas familiales: «Khiêm, terres maternelles»
Il s’agit de la première bande dessinée d’un duo talentueux de frère et sœur montréalais, Djibril et Yasmine Phan Morissette. Khiêm, terres maternelles, retrace l’histoire de trois générations de femmes de leur famille, du Viêtnam à Montréal. Cette fresque familiale est centrée sur les vies et les drames qui ont ponctué le parcours de leur grand-mère, Khiêm, dans le Viêtnam de la guerre, de leur mère, Trang, qui a immigré au Québec adolescente à l’époque des boat people, et pour finir, de Yasmine, scénariste et co-autrice de l’ouvrage.
Une histoire de résilience, de riches réflexions sur les questionnements identitaires traversent l’ouvrage. Trang est tiraillée entre sa famille d’adoption et sa famille vietnamienne, et Yasmine, née au Québec, tâche de renouer avec ses racines asiatiques. Avec cet album, Djibril Phan Morissette, connu pour son travail chez Marvel, propose un dessin ultraréaliste en noir et blanc permettant de s’approcher au plus près de l’intimité des femmes qu’il met en scène.