LittératureRomans québécois
Crédit photo : Mémoire d'encrier
Synopsis: Mathis Blaustein, issu d’une famille juive hassidique de Montréal, est chargé d’une enquête avec son équipe sur la mort bien étrange d’un ingénieur travaillant pour Green Stuff, une compagnie spécialisée dans l’extermination. C’est au fil de l’enquête que le lecteur découvrira une galerie de personnages ainsi que des histoires familiales qui s’inscrivent dans les grands pans de l’Histoire, notamment la Seconde Guerre mondiale et la Shoah.
La méticulosité avec laquelle l’auteure a travaillé ce roman impressionne au premier abord. On plonge dans l’univers de son protagoniste, qui a un pied dans le monde des juifs hassidiques ultra-orthodoxe, et l’autre dans une réalité plus connue, c’est-à-dire cette quotidienneté partagée par une plus large partie des gens.
Touffu et riche en référence de toutes sortes, 160 rue Saint-Viateur Ouest nous amène ailleurs comme lecteur, et on pourrait affirmer que la résolution du crime n’est pas la réelle finalité de l’œuvre. À ce titre, l’auteure évite de tirer sur les grosses ficelles du suspense formaté et huilé dans le monde littéraire, style associé évidemment au genre policier, ce que ce livre n’est pas. En fait, l’intérêt réside davantage dans tout ce que l’on découvre autour de Blaustein et de ce fameux endroit qu’est le 160 rue Saint-Viateur Ouest.
Même si l’on s’anime pour les histoires anciennes qui refont surface dans la vie de plusieurs personnages du roman, leurs complexités alourdissent parfois l’ensemble. Bien qu’elles s’avèrent essentielles au récit général, il aurait été sans doute possible de trouver une manière d’aérer les descriptions révélant les liens entre certains personnages du passé, sans en altérer la richesse globale.
En ce qui a trait au style, Magali Sauves possède une plume forte, qui ne laisse rien dépasser, sans esbroufe, mais avec un vocabulaire précis, dont les mots sont indélogeables, gravés dans chacune des pages. Ce style entraîne directement le lecteur dans l’univers rigide de son protagoniste, avec ses codes et répétitions: le corps policier, ses origines, sa vie avec Jean-Claude. Une parfaite adéquation entre la forme et le fond, quoi.
Au final, l’identité complexe de Mathis Blaustein et toutes ses ramifications font de ce livre un objet littéraire à découvrir, ne serait-ce parce qu’il met en scène une communauté qui est peu représentée dans la culture québécoise.
160 rue Saint-Viateur Ouest, Magali Sauves, Mémoire d’encrier, 312 pages, 24,95 $.
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de la rédaction