CinémaZoom sur un classique
Crédit photo : Image provenant de l'oeuvre «Paris, Texas», réalisé par Wim Wenders
Un homme (Harry Dean Stanton), nommé Travis Henderson, erre dans le vaste territoire texan jusqu’à en perdre connaissance. Le secouriste ayant trouvé Travis appelle l’unique numéro qui se trouve sur le téléphone de ce dernier. Il s’agit de celui de son frère Walt (Dean Stockwell), qui possède la garde de l’enfant de Travis, puisqu’il n’avait plus aucun contact avec eux depuis quatre années. La mère du petit, Jane (Nastassja Kinski), a quant à elle disparu…
Walt accepte de le rejoindre, d’en prendre la charge et de le ramener chez lui. Travis revoit son jeune garçon, Hunter, qui se souvient à peine de lui. Après quelques jours passés ensemble, Travis et Hunter décident de partir à la recherche de l’ex-conjointe de Travis, la mère du petit.
Travis: un protagoniste à déchiffrer
Au premier abord, ce synopsis ne semble pas si simple à assimiler, car le personnage de Travis est assez particulier en soi, il faut l’avouer. C’est cependant à travers cette complexité que se retrouvent toutes les grandes qualités de l’œuvre.
La mise en scène a été réfléchie de sorte qu’elle donne des indices aux spectateurs à des moments bien précis. Pour leur part, les détails et les personnages se décodent notamment grâce au jeu des subtilités, que ce soit dans la gestuelle des acteurs, au niveau des regards, ou même au niveau des décors (par exemple, l’endroit où travaille la mère de Hunter).
Le personnage de Travis, magnifiquement interprété par Stanton, l’un de ses rares rôles principaux, est très timide, et son histoire reste assez nébuleuse au demeurant. Le protagoniste donne la sensation d’être froid et impassible, notamment parce qu’il reste muet lors des premières minutes.
Mais les spectateurs finissent par comprendre quelle est sa quête réelle au cours du récit. Ce n’est qu’avec l’avancée progressive de la trame narrative que l’on réussit pleinement à comprendre l’enjeu, et c’est cet élément qui rend ce film si agréable à regarder (et si facile à apprécier!)
Une richesse visuelle et narrative qui donne lieu à de multiples interprétations
Paris, Texas, pour de nombreux critiques, a longtemps été un road movie. Wenders avait d’ailleurs exploré longuement cette voie, en Allemagne, avec sa trilogie sur les road movies (comprenant Alice in the Cities, The Wrong Move et Kings of the Road). Pour Paris, Texas, ce sont les grands espaces qui ont motivé son choix de tourner son quatrième road movie aux États-Unis.
Mais certains critiques se sont avancés en mentionnant que Paris, Texas pourrait aussi être un western (il y a là matière à débat, puisque, pour certains, c’est tout le contraire!) Tandis que d’autres ont insinué qu’il s’agissait plutôt d’une tragédie familiale… Le genre auquel cette production appartient est libre d’interprétation et d’argumentation (surtout que les frontières entre les genres cinématographiques sont extrêmement poreuses).
Il n’en demeure pas moins que plusieurs cinéphiles ont conclu que cette œuvre mélangeait de nombreux genres (en prenant l’esthétique du western et du road movie, tout en mettant de l’avant un récit dramatique).
Ils soutiennent également que le résultat est unique, inclassable et surtout émouvant.
Un réalisateur allemand vs une œuvre tournée aux États-Unis
Trois années avant de réaliser son célèbre Les ailes du désir, la réputation du cinéaste Wim Wenders était déjà encensée par la critique et le peuple allemand. Le tournage de Paris, Texas n’a tout de même pas été facile, car il n’avait obtenu que très peu de budget.
Mais ce n’était pas la première fois que Wenders se retrouvait en sol américain pour la réalisation de l’un de ses films. En effet, il avait dirigé, quelques années plus tôt, le tournage d’Hammett (1982).
Certains disent, encore aujourd’hui, qu’un réalisateur allemand a réussi l’exploit de réaliser l’un des films les plus poignants sur les États-Unis, en 1984.
Le résultat final avec son film Paris, Texas lui aura valu une reconnaissance prestigieuse: la Palme d’or au prestigieux Festival de Cannes! Pour le jeune réalisateur qu’il était, il s’agissait d’un premier trophée réputé. Et il s’agissait, surtout, de la réalisation d’une œuvre marquante, où Wenders assume pleinement son style visuel coloré, qui a laissé sa trace dans l’Histoire du septième art.
Pour consulter nos précédentes chroniques «Zoom sur un classique» et ainsi avoir votre dose bihebdomadaire de septième art, suivez le labibleurbaine.com/Zoom-sur-un-classique.
«Paris, Texas» en images
Par Images tirées du film «Paris, Texas»