CinémaZoom sur un classique
Crédit photo : Images tirées de l'oeuvre «Mississippi Burning» d'Alan Parker
Dans les années 60, au Mississippi, trois militants pour les droits civils sont portés disparus. Tout porte à croire qu’ils ont été assassinés. Deux agents du FBI sont envoyés sur les lieux afin d’élucider le mystère autour de leur décès.
Alan Ward (Willem Dafoe) et Rupert Anderson (Gene Hackman) ne se ressemblent en rien. Ward est plus jeune et suit à la lettre les règles instaurées par la police afin d’encadrer les enquêtes. Anderson, quant à lui, est plus impulsif et il n’hésite pas à tenter différentes approches pour parvenir à ses fins.
La naissance d’un travail d’équipe
La relation entre les deux agents est l’un des éléments les plus fascinants de l’œuvre. Bien que ces deux hommes donnent l’impression de ne pas s’apprécier du tout, ils réussissent néanmoins à travailler ensemble et à trouver un certain équilibre dans leur manière de travailler.
Au premier abord, pour le spectateur, leurs personnalités peuvent sembler clichées et sans aucune profondeur, mais on suit bien l’évolution entre les deux hommes et aussi la façon dont ils réussissent à résoudre cette enquête. Ce sont là les éléments principaux de ce long métrage.
Bien sûr, le contexte historique est tout aussi important. D’abord, il faut savoir que le récit est inspiré d’une histoire vraie et qu’il se déroule alors que le mouvement des droits civiques des noirs américains est en pleine expansion et gagne en popularité aux États-Unis. Dans ces années-là, le Ku Klux Klan était toujours actif, et ses adeptes effectuaient de nombreux crimes envers les personnes de minorité visible.
Dans Mississippi Burning, les deux agents se rendent compte rapidement qu’ils font face à une énorme corruption au sein de la ville et de ses dirigeants. Ils devront donc réussir, par tous les moyens nécessaires, à dénicher tous les secrets et retrouver la justice pour les trois disparus.
Controversé à la fois en 1988 et en 2020
Comme de nombreux films avant lui, Mississippi Burning a, lui aussi, récolté son lot de controverses. Certes, c’est une œuvre qui place en son centre une thématique extrêmement importante, qui est toujours d’actualité en 2020. Mais c’est surtout une production qui s’est fait critiquer par son aspect fictif et dramatique sur les évènements réels survenus au coeur des années 60.
Certains militants de l’époque avaient évoqué le fait que les images qui dépeignent les personnages afro-américains du film sont assez pauvres et qu’elles laissent présager qu’ils n’étaient que des lâches et des soumis.
Ainsi, visionner ce film en 2020 pour se divertir, avec tous les évènements qui se sont déroulés récemment, n’est pas chose facile. Il est encore plus aisé de le critiquer, mais le but premier d’Alan Parker était avant tout de créer une oeuvre de fiction. Il désirait faire ressortir, de manière dramatique et peut-être maladroite, l’esprit des années 60 à Philadelphie, tout en souhaitant rejoindre un public qui ne connaissait alors pas les évènements relatés.
Une image vaut mille mots
Alan Parker n’est pas seulement connu pour cette grande production qui a fait couler beaucoup d’encre. Il a aussi dirigé les rennes de projets tels que The Wall (oui oui, le film de Pink Floyd sur l’album du même nom), Midnight Express, Angel Heart et Fame, pour ne nommer que ceux-ci. Le point commun de ces films, vous vous demandez? Des symboles forts ainsi que des images marquantes et poétiques!
À de nombreuses reprises, Parker prouve qu’il maîtrise son art, et il n’hésite d’ailleurs pas à utiliser le langage cinématographique pour évoquer les punchs de ses films ou encore pour faire ressortir une certaine ambiance. Dans Angel Heart, par exemple, le symbole du ventilateur, qui revient à plusieurs moments précis à travers l’œuvre, prépare le spectateur pour la chute qui viendra à la toute fin.
Le 31 juillet dernier, Alan Parker nous a quittés. Il a laissé aux cinéphiles, en héritage, des films intelligents et réfléchis où aucun détail n’est placé au hasard. Ses œuvres se sont faites de plus en plus rares au fil du temps, et il est certain que nous aurions aimé en voir plus, mais ses grands films des années 70 et 80 prouvent qu’il a toujours sa place dans les livres d’histoire du cinéma.
C’est un cinéaste aux multiples talents qui a réussi à équilibrer à la perfection réalisme et poésie au sein de ses productions.
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«Mississippi Burning» d'Alan Parker en images
Par Images tirées de l'oeuvre «Mississippi Burning» d'Alan Parker