CinémaZoom sur un classique
Crédit photo : Image tirée de l'oeuvre «Alien» de Ridley Scott
D’abord, un petit résumé s’impose avant d’en parler davantage. En route pour retourner sur la Terre, Ripley (Sigourney Weaver) et ses collègues astronautes se trouvent confrontés à une étonnante découverte: un signal de détresse aurait été envoyé de la Lune LV-426. L’intelligence artificielle du vaisseau les ayant réveillés de leur sommeil, les astronautes s’empressent donc d’aller explorer cette terre inconnue.
L’un d’eux tombera sur un œuf et se fera attaquer par un foetus. Ses camarades réussiront à le ramener à l’intérieur du vaisseau, mais il sera trop tard: l’alien, qui utilisera le corps de l’astronaute afin de se nourrir et de grandir, livrera bataille aux membres de l’équipage. Ripley réussira tant bien que mal à se libérer de ce huitième passager hostile… mais à quel prix?
Horreur ou science-fiction ? Un «heureux» mélange des deux!
Clairement, ce qui a causé une réelle surprise lors de la sortie en salles de cette production, c’est son mélange des genres cinématographiques. Si elle peut certainement, grâce à ses codes, appartenir au genre de l’horreur, elle peut tout aussi bien se rattacher à la science-fiction. Bien que ces deux genres ne soient pas aux antipodes, le traitement général de l’œuvre permet pourtant la création de quelques surprises. La luminosité et la mise en scène proviennent directement des codes de l’horreur. Si nous pouvons nous attendre à une oeuvre de science-fiction grâce à ses décors, il faudra aussi s’attendre à vivre des moments terrifiants, gracieuseté d’une créature terrifiante et agressive.
Alien est loin de ressembler à des films tels que A New Hope (Lucas, 1977), 2001: A Space Odyssey (Kubrick, 1968) ou encore Close Encounters of the Third Kind (Spielberg, 1977). Ces derniers relèvent d’une profonde appartenance aux films de science-fiction grâce à leurs décors et à leurs instruments technologiques plus grands que nature (pour l’époque), même s’ils sont très différents les uns des autres. Bien que le vaisseau de Ripley et son équipe soit équipé de technologies inconnues, les machines ne sont pas le noyau central de l’oeuvre et de son message.
Du côté de l’horreur, Alien ne s’approche pas vraiment de productions telles que The Exorcist (Friedkin, 1973) ou Halloween (Carpenter, 1978), par exemple. Cependant, il n’en demeure pas moins qu’une certaine terreur se fait ressentir tout au long du récit. Au niveau du son, la fonction hors-champ est très utilisée (notamment lors de la mort de Lambert, la navigatrice du vaisseau). Ridley Scott réussit à trouver un rythme effréné et à créer un suspense face aux attaques de l’alien. Ces dernières se feront de plus en plus rapides et sanglantes au fur et à mesure que la créature se développe et grandit.
C’est donc un parfait juste milieu que nous retrouvons dans Alien. Les décors (le vaisseau spatial et la Lune) conviennent au genre de la science-fiction, mais les effets spéciaux (la fameuse scène où l’alien s’extrait du ventre de l’astronaute infecté) se rattachent sans aucun doute à l’horreur. D’ailleurs, cette scène demeure l’une des plus marquantes de l’histoire du cinéma américain. Ces images auront marqué les esprits de plusieurs jeunes (et moins jeunes) des années 70 jusqu’à aujourd’hui.
Ripley: bien plus qu’une héroïne
Plusieurs critiques restent sur la même longueur d’onde sur un point: Ripley possède les caractéristiques physiques et certains aspects psychologiques d’un homme. C’est ce qui lui aurait permis de se débarrasser de la bête extra-terrestre. Certains groupes féministes auraient préféré voir une femme en tant que femme réussir à vaincre cette créature..
Il y a aussi la question du personnage de l’autre femme à bord du Nostromo, Joan Lambert (interprétée par Veronica Cartwright). Celle-ci avait auditionné pour le rôle principal de Ripley, mais a finalement dû céder sa place à Weaver, et ainsi jouer le rôle de Lambert. Elle est la navigatrice du vaisseau. Même si son rôle au sein du Nostromo est très important, il n’en demeure pas moins que ses actions et ses traits psychologiques ne sont pas très flatteurs pour la gent féminine. En effet, ce personnage est tout le contraire de Ripley: elle très apeurée et perd graduellement le contrôle de ses émotions et de son corps… Ce ne sont donc pas toutes les femmes qui sont vues comme des héroïnes.
Une décennie avant 1979, un film de science-fiction avait vu le jour, plus précisément en 1968. Il s’agit de Barbarella de Roger Vadim, mettant en vedette Jane Fonda. Même si une femme est la tête d’affiche dans un film de science-fiction, il est impossible de dire qu’il s’agit bel et bien d’une œuvre féministe. Jane Fonda porte très peu de vêtements et remercie les hommes qui la sauvent en acceptant certaines faveurs sexuelles. Hmm!
Bien que cette comparaison entre Barbarella et Alien puisse être extrême, il en va sans dire que l’image des femmes a fait un énorme chemin dans le domaine de la science-fiction depuis.
Ripley aura ouvert le chemin à toutes ces nouvelles héroïnes qui parcourent nos grands écrans. Qu’il s’agisse du personnage de Rey dans la nouvelle trilogie de Star Wars, des nombreuses femmes qui deviennent des superhéros (on pense, par exemple, à Gal Gadot en Wonderwoman ou à Brie Larson en Captain Marvel), ou encore de ce groupe de femmes s’aventurant dans une zone lugubre et mystérieuse dans Annihilation, les femmes prennent de plus en plus de place dans l’univers cinématographique. Et ce, même s’il reste encore – et beaucoup – de chemin à parcourir.
Il va sans dire, en définitive, qu’Alien donne un tout autre ton à la science-fiction au cours des années 1970. Aucune arme utilisée dans cette œuvre n’atteint la cheville des puissants sabres laser, mais les décors et les aliens en eux-mêmes permettent d’élever la production au rang de culte, au même titre que les armes et les vaisseaux créés par George Lucas pour Star Wars, deux années plus tôt.