Cinéma
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La genèse commença en 1964, tout juste après la sortie de Dr. Strangelove. Kubrick rencontre alors Arthur C. Clarke (auteur de romans de science-fiction) et s’inspire d’une des œuvres de ce dernier pour rédiger le scénario. Ensemble, ils passeront plusieurs années à effectuer des recherches et à créer le scénario. En décembre 1965, le tournage débute enfin en Angleterre.
L’œuvre se découpe en deux temps. Le premier: il y a des millions d’années, en Afrique, deux bandes de singes se disputent un trou d’eau. L’une d’elles se fait évincer et doit s’éloigner. Le lendemain matin, un monolithe complètement noir et lisse est apparu. À l’ombre de la structure sombre, ils trouvent des os et s’en servent comme armes, ce qui leur permet de reprendre le contrôle sur leur trou d’eau et de faire fuir l’autre tribu.
Puis, plusieurs millions d’années plus tard, un vaisseau spatial abritant quatre scientifiques – dont trois sont endormis – et le pilote est tout près de Jupiter. Les opérations du vaisseau sont contrôlées par Hal, une intelligence artificielle. Un conflit se créera entre les deux hommes éveillés et Hal, qui se dit être incapable de faire des erreurs…
Film de science-fiction, film philosophique, film à suspense et drame, 2001, l’odyssée de l’espace est un incontournable en matière de classiques du cinéma. L’œuvre fait preuve d’une grande complexité au niveau du sens et des thèmes. Certains sujets en lien avec l’univers, la place de l’Homme dans celui-ci, ainsi que leur destinée, rendent ce film si spectaculaire. Il fait réfléchir le spectateur, qui se pose des dizaines de questions sur son origine et, surtout, sur le futur.
En 1968, nous étions loin de l’an 2001! Et même en 2018, nous sommes encore loin de l’image et de l’univers créés par Kubrick et Arthur C. Clarke. Ceci prouve qu’ils étaient, à leur façon, de grands visionnaires et qu’ils éprouvaient un grand désir de faire réfléchir les spectateurs et de leur partager leur vision des choses.
Un heureux mélange de tension et de contemplation
Une grande tension émane de certains grands moments clés de la production. C’est le cas lorsque, par exemple, Hal refuse d’ouvrir la porte à Bowman (Keir Dullea). Le spectateur est assis au bout de son siège, retenant son souffle. Les plans sont longs et lents, et ceci permet à 2001, l’odyssée de l’espace de faire preuve de puissants instants contemplatifs. La tension est donc à la fois lente, haletante et agréable.
Même si le récit est présenté de façon linéaire, le montage demeure habilement travaillé et réfléchi. La transition entre la scène des primates et l’espace (avec l’image du vaisseau) est pensée avec la création d’un match cut, c’est-à-dire que les deux images se ressemblent au niveau des formes (la forme de l’os devient le vaisseau) et la transition entre les deux éléments visuels laisse comprendre aux spectateurs que plusieurs millions d’années se sont écoulées.
Ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres du génie de Kubrick, qui utilise des moyens cinématographiques très forts visuellement afin de raconter des phénomènes ou des actions.
L’homme et la machine
L’un des thèmes les plus importants du récit est la relation de l’homme avec ses outils. À l’ère des primates, les singes ont découvert l’outil – l’os – et l’ont utilisé à des fins violentes dans un désir ultime de survie. Dans cette même lignée, la relation entre Hal et les astronautes est aussi très intéressante. Hal, qui se dit incapable de faire des erreurs, possède la confiance des scientifiques. Il devient l’ami des deux hommes, pouvant discuter de tout et de rien et jouer avec eux.
À partir de l’instant où Hal commet sa première erreur, la confiance, alors totale, est complètement perdue. Les deux hommes n’ont qu’un seul désir: débrancher la machine. Hal tente par tous les moyens possibles de se défendre. En l’espace d’un tout petit moment, cette complicité entre l’homme et la machine se désintègre, mettant les deux partis sur la défensive.
En mai dernier, au 71e Festival de Cannes, Christopher Nolan a eu la chance de présenter 2001, l’odyssée de l’espace dans le cadre de la programmation Cannes Classics. Nolan a tenu à présenter l’œuvre dans sa version d’origine en copie argentique de 70mm. Encore aujourd’hui, dans une ère où le numérique est omniprésent, 2001, l’odyssée de l’espace devient un symbole de la grande qualité visuelle d’une œuvre filmée sur pellicule, prouvant que le 70mm a toujours la capacité de briller et de faire de petits miracles visuels. C’est une figure de lutte contre cette nouvelle époque du numérique et cette nouvelle façon de réaliser des films. Des dizaines de réalisateurs, comme Christopher Nolan, luttent pour la survie de la pellicule.
Comme quoi l’Homme et la machine (la caméra argentique), dans ce cas-ci, peuvent encore faire de grandes choses!
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«2001, l'odyssée de l'espace» en 10 photos
Par www.filmmakermagazine.com