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Crédit photo : www.facebook.com/CTHDSwordofDestiny
Retournons d’abord en l’an 2000.
Li Mu Bai, un virtuose des arts martiaux à la retraite, confie son épée Destinée à sa grande amie Shu Lien, femme à qui il n’ose avouer un amour qui le tenaille depuis des années. En chemin pour conduire l’épée à son lieu de dernier repos, l’arme est dérobée des mains de Shu Lien par un jeune et puissant ravisseur au visage caché. Li Mu Bai, qui a sa petite idée sur l’identité de l’assaillant, voudra le rejoindre pour en faire son élève.
Si nous prenons la peine de décrire les évènements survenus lors du premier opus, c’est qu’à peu de choses près on nous remâche la même proposition, mais quinze ans plus tard. Certes, en moins bien. Toutefois, avant de nous lancer dans le volet négatif de la critique, dressons ensemble une liste des points positifs:
- Les paysages occasionnellement beaux. Merci, nature!
- Michelle Yeoh reprenant son rôle de Shu Lien. Merci, mélange de dignité et de badasserie!
Quoique pour cette dernière, on devrait peut-être conseiller de déléguer la tâche «protection d’épée à l’incommensurable pouvoir» à quelqu’un d’autre, puisqu’elle se fera à nouveau subtiliser Destinée. Oups!
On pourrait également guider cette bonne vieille Shu Lien vers de plus saines relations sentimentales alors qu’un nouvel homme viendra troubler son cœur. Un genre de Li Mu Bai version anti-charismatique, avec lequel elle entretient le même type d’amour interdit, et ce, depuis de nombreuses années. On en vient à se demander combien de fabuleux guerriers font la file en silence.
Tigre et Dragon 2, c’est aussi un voleur masqué, un méchant hyperpuissant désirant posséder une épée légendaire, une jeune élève fougueuse qui ne s’en laisse pas imposer et bien plus encore!
Soudain, cette impression de déjà-vu. Cette sensation d’assister à une copie non autorisée d’un film à succès. De se faire radoter la même histoire une énième fois, mais sans âme cette fois-ci. La grâce et la majesté, on peut oublier tout de suite.
«Bon, ok, la poésie a pris l’bord, mais on parle d’un film d’arts martiaux ici, ça doit bien se taper un peu sur la marboulette, non?»
Oui, mais hélas… on ne voit pas de grands élans d’inspiration lors des séquences de combat. On aura même l’audace de recopier, presque geste pour geste, un duel créé à l’occasion du premier volet de la «série». Sinon, on retrouve quelques flashs ici et là, comme lors d’une scène se déroulant sur un lac gelé, mais rien pour écrire à sa mère.
On est en fait plus près de la «prestigieuse» quadrilogie 3 Ninjas (ah, les années 1990!) que des classiques du film de sabre chinois (wuxiapian). Esprit juvénile, donc, renforcé par la présence de guerriers bonasses répondant aux noms de Tortue Robuste, Fléchette d’Argent ou Poignée de Fer, comme autant de Jar Jar Binks qui viendront ajouter une dose de dédramatisation à une histoire qui avait besoin de tout sauf de ça.
Le réalisateur Yuen Woo-ping avait pourtant, jadis, chorégraphié la majeure partie des combats retrouvés dans le film original de 2001 et laissé une belle carte de visite sur d’autres bastonnades de son cru, comme le ludique Iron Monkey (1993). Qué pasa? Manque de budget? Manque de vision? Un rappel que le temps passe et que le talent se gâte?
«Tout ça pour une épée!»
Eh oui, tout ça pour une épée au manche vert phosphorescent qu’on aurait dit trempé de la même bouillasse ayant causé la mutation des Tortues Ninja. Destinée ou Green Destiny, selon la langue de votre choix. Pour une expérience complète, on recommande évidemment l’usage de la langue de Shakespeare puisque vous pourrez apprécier la prestation de tous ces comédiens chinois régurgitant tant bien que mal leurs répliques dans un anglais des plus mécaniques.
Disponible en exclusivité sur Netflix depuis le 26 février 2016.
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