«Les trésors enfouis de Netflix» – Juillet 2016

«The Invitation» de Karyn Kusama

Présenté en première canadienne lors du Festival Fantasia l’été dernier, ce suspense minimaliste de la réalisatrice new-yorkaise Karyn Kusama peut maintenant être apprécié dans le confort de votre salon… À condition de ne pas souffrir d’anxiété. Quelques années après avoir vécu un drame, Will est invité à une soirée de retrouvailles entre amis chez son ex-femme, Eden, dans la grande demeure hollywoodienne qu’elle partage désormais avec son nouveau conjoint. Entre sourires forcés et malaises silencieux, l’ambiance s’alourdit et la tension monte à mesure que le film progresse, jusqu’à ce qu’il devienne évident que quelque chose ne tourne pas rond… Mais quoi? Parfait exemple d’un slow-burn horror bien exécuté, The Invitation manipule adroitement la psychologie de ses personnages tout comme les attentes de ses spectateurs.

«The Way Way Back» de Jim Rash & Nat Faxon

Sur une note plus légère, nous ne pourrions probablement pas vous proposer un film plus estival que The Way Way Back. Entouré des fabuleux acteurs que sont Steve Carell, Sam Rockwell, Toni Collette et Allison Janney, le jeune Liam James – que vous reconnaissez peut-être de l’excellente série The Killing – y interprète votre typique adolescent lassé et malhabile. Forcé à passer les vacances d’été avec sa mère et le nouveau petit copain de celle-ci (qu’il ne porte visiblement pas dans son cœur), il se liera d’amitié avec le propriétaire d’un parc aquatique avoisinant et s’affranchira peu à peu de sa timidité handicapante. Certes convenu comme scénario, il n’en est pas moins charmant! Quelque part entre Little Miss Sunshine et Adventureland, ce tout premier long-métrage de Jim Rash et Nat Faxon est d’une sincérité admirable et fait pour s’apprécier à toute heure de la journée.

«Wild Tales» de Damián Szifrón

Ovationné pendant plus de dix minutes lors de sa première mondiale au Festival de Cannes et nommé dans la catégorie du meilleur film étranger au gala des Oscars en 2015, Wild Tales (ou Relatos salvajes en langue originale) est un grand spectacle qui porte merveilleusement bien son titre. Comédie noire issue de l’imaginaire pour le moins tordu du cinéaste argentin Damián Szifrón, il s’agit d’une compilation de six courts-métrages partageant une simple thématique: celle de la vengeance. Véritable champ de bataille où se côtoient violence, hilarité et pure insanité, Wild Tales est une perle rare; une expérience cinématographique comme il s’en fait trop peu et de laquelle Hollywood aurait certainement beaucoup à apprendre… Et si la vengeance est un plat qui se mange froid, ce film est si délectable qu’on en redemande.

«Extraordinary Tales» de Raul Garcia

Puisque nous y sommes, passons maintenant à une seconde anthologie. Sous forme d’un somptueux film d’animation en plusieurs tableaux, Extraordinary Tales propose une réadaptation de cinq histoires tirées du répertoire d’Edgar Allan Poe. En plus d’y avoir infusé ses propres talents de dessinateur-animateur, Raul Garcia (Alladdin, The Lion King, Pocahontas…) s’est doté des voix les plus distinguées qui soient pour redonner vie au célèbre univers romantico-macabre de l’écrivain. Ainsi, c’est en s’abreuvant des paroles de Sir Christopher Lee ou encore de Bela Lugosi que l’on y redécouvre des classiques à glacer le sang tels que The Tell-Tale Heart et The Fall of the House of Usher, résultant en un hommage intemporel et incroyablement bien senti qui plaira certainement aux amateurs comme aux non-initiés.

«The Lunchbox» de Ritesh Batra

Sixième ville la plus peuplée au monde, Mumbai (ou Bombay) renferme une tradition qui lui est tout à fait unique. Les «dabbawallas», un système de livraison consistant à faire parvenir aux travailleurs leur repas chaud du midi directement de la cuisine de leur épouse, est au cœur du scénario de The Lunchbox. Dans l’espoir de raviver leur relation défectueuse, une femme s’évertue à surprendre son mari à travers les petits plats qu’elle lui prépare chaque matin… Jusqu’au jour où la boîte est accidentellement livrée au mauvais destinataire, avec qui elle entamera une correspondance secrète qui, évidemment, bouleversera leur vie respective. S’élevant bien au-delà de Bollywood et de ses innombrables numéros de danse extravagants, le cinéma national indien mériterait vraiment d’être mieux connu par les Occidentaux, et The Lunchbox est un point de départ idéal. Une œuvre touchante et mélancolique, mais tout aussi optimiste.