CinémaCritiques de films
Rien ne va plus pour Andrew Niccol qui, après avoir livré l’un des films de science-fiction les plus mémorables à ce jour, soit Gattaca, n’est jamais parvenu à reprendre son propre flambeau. Disons que ce n’est pas en adaptant un roman de Stephenie Meyer, madame Twilight en personne, sorte de Nicholas Sparks du fantastique, qu’il réussira à se sortir du bas-fond dans lequel le ridicule In Time semble l’avoir coincé…
Dire que les histoires de Meyer sont sans intérêt serait de mauvaise foi. À défaut de recycler des thèmes et des idées qu’on a déjà élaboré mille fois, on ne peut cacher qu’il y a ici et là des trucs d’intérêt modéré. Malheureusement, on ne semble jamais en mesure d’approfondir ces quelques ellipses pour ne sembler que s’en tenir aux escales romantiques en plastique puisque étrangement trop romantiquement faussé pour réellement convaincre. Reprenant son fétiche du dilemme amoureux, après nous avoir faire endurer l’hésitation Edward et Jacob le temps de quatre livres puis cinq films, voilà qu’ici on se retrouve avec celui de Ian et Jared, deux bad boy qui ne veulent pas donner leur place.
Pourtant, avant d’en arriver là, The Host intéresse. Immédiatement plongé dans l’action, on est en fuite aux côtés d’une Saoirse Ronan dévouée, évoquant ses performances les plus senties, de The Way Back à Hanna, alors qu’elle ne parvient toujours pas à trouver une production qui ramène de l’avant toute l’ampleur de son talent, comme Atonement était parvenu à l’établir. Dans un futur pas si éloigné de nous, on se retrouve sur une Terre où les humains ne s’appartiennent plus et où l’on voit leurs corps possédés par une entité extra-terrestre venu de l’au-delà.
Par la suite, tout en suivant une certaine chronologie, on commence peu à peu à semer les fautes les plus maladroites du film en nous apportant tout le savoir des bases de l’histoire racontée en parallèle à coup de flashbacks disgracieux. Toujours dans cet esprit de dilemme, le film sera aussi celui de deux esprits qui luttent pour obtenir le même corps, soit Wanderer, l’extra-terrestre curieux, et Melanie, l’humaine entêtée qui veut retrouver les siens. Si cette ambiguïté sera de loin la plus intéressante, elle ne sera jamais soulevé à son plus grand intérêt, alors que même avec la personne du Seeker, interprété par une Diane Kruger qui ne semble pas trop savoir ce qu’elle fait là, on ne réussira à judicieusement la développer.
Il faut avouer que cela prend plus que des débats en voix off (oui, vous avez bien lu…) pour convaincre et disons qu’on commence à en avoir un peu marre de ces têtes à têtes qu’on semble lancer aux spectateurs, alors que même Warm Bodies se lançait dans le même procédé. Parce qu’il faudra se l’avouer, le long-métrage semblera s’empêtrer constamment dans des techniques désuètes qui n’aident en rien sa cause. De ses trilliards de fondus, en ce qui a trait au montage, en passant par la piètre narration, tout comme ses fameuses voix off, le film n’aide en rien pour surprendre qui que ce soit par son histoire ou ses qualités cinématographiques. Si la trame sonore a bien quelques belles compositions et que, visuellement, on semble avoir eu droit à un budget raisonnable, on n’est guère impressionné par l’esthétique aux limites du cliché et du n’importe quoi (les beaux costumes blancs avec les gros talons, vraiment? Et que dire des voitures joliment enrobés de papier d’aluminium?)
Ensuite, alors que le film s’enfoncera toujours plus dans sa romance boboche à deux sous (eh oui, Mélanie aura sa romance et l’extra-terrestre commencera elle aussi à ressentir des sentiments humains qui lui apportera son propre amour, mais quel dilemme!), on se montrera dans l’incapacité de nous livrer une véritable menace, l’une des failles majeures de Meyer, alors que l’extra-terrestre ne sera jamais véritablement menaçant et que le seul antagoniste du film sera transformé en allié dans le temps de le dire.
Du coup, dans cet hommage à l’être humain et à ses sentiments, et, bien sûr, à l’éternel amour qui domine et gagne sur tout, il ne restera plus grand chose qu’un jardin de blé en carton et un William Hurt qui semble aux abords de la retraite, de quoi justifier l’abdication que le film semble s’être donné comme mot d’ordre, soit, de se foutre de tout le reste et de ne s’en tenir qu’à un ou plusieurs baisers. À travers une histoire sans fondement qui s’étire sur plus de deux heures, s’il y a bien une chose qu’on est sûr, c’est que pour Meyer rien ne semble être d’une plus grand aide. Donc, qu’importe si le film est peu convaincant, au pire on s’embrassera!
Appréciation: **½
Crédit photo: Les films Séville
Écrit par Jim Chartrand