CinémaCritiques de films
Crédit photo : Tous droits réservés
La curiosité dévore alors un des protagonistes qui trouvera le moyen d’ouvrir le coffre barré où sont oubliées les cassettes de chacun, et dans un élan de voyeurisme, ce dernier découvrira le fond de la pensée des deux autres. Les règles établies et nécessaires à leurs survies seront mises en doute, leurs propres lois enfreintes. Dès lors commence le douloureux déclin du trio. Ainsi, ils entameront leur plus grande mise à l’épreuve, celle de perdurer dans un monde civilisé.
Le réalisateur Christoph Behl, d’origine allemande, aussi connu pour son documentaire Alguien en la terraza (2006), nous offre avec The Desert un autre cri du cœur alarmant sur les relations humaines et leur rapport à leur environnement. Dans son processus créatif, Behl laisse beaucoup de liberté quant à la narration aux acteurs, les laissant improviser des dialogues d’un troublant réalisme. La détresse est transmise. Ajoutant au mystère planant, la majorité des prises sont réalisées en plans rapprochés et accentuent par le fait même l’effet de proximité, de captivité, voire de claustrophobie.
Pour ici paraphraser Jean-Paul Sartre, l’enfer de The Desert, c’est les autres. L’angoisse se construit à l’intérieur même du huis clos où ils sont captifs et où les zombies ne sont que la cause de leur isolement, et non pas de leur perte. L’échappatoire à leur cloison, c’est le confessionnal où ils tentent de se confesser à la caméra vidéo, seul témoin de leurs réflexions.
Le film recèle plusieurs finesses et détails significatifs. On pense notamment à Axel qui s’entête à couvrir son corps de tatouages de mouches, une référence aux corps gisant dans les rues, clamant que lorsque l’œuvre sera terminée, il quittera l’enceinte qui les abrite pour le chaos de la rue. On pense aussi à Ana, laquelle insiste pour donner un nom au zombie qu’Axel et Jonathan viennent tout juste de capturer; et à Jonathan, qui cherche à raviver la rivalité entre les hommes. Ces derniers gestes d’humanité soufflent finalement un vent d’espoir au spectateur.
Ce film est destiné aux amateurs de films post-apocalyptiques où l’essence du scénario se concentre sur le développement psychologique des survivants plutôt que sur un banal sursaut d’épouvante. Seul un zombie fait son entrée en scène et sera plutôt victime des rages humaines des trois protagonistes qu’un réel danger. Behl met d’abord de l’avant la vraie monstruosité de l’homme.
«The Desert» fut présenté le 27 juillet le 5 août derniers au théâtre J.A. de Sève.
L'avis
de la rédaction