CinémaCritiques de films
Crédit photo : Les Films Séville
Renouant avec la délinquance et le monde des jeunes adultes qui cherchent leur place dans le monde, Ken Loach retrouve ses thèmes de prédilection et construit un film à saveur sociale qui s’ajoute fort bien à sa filmographie. Pourtant, le voir retomber avec The Angels’ Share dans un ton plus humoristique et léger nous prend un peu à court, puisque le cinéaste se montre toujours moins à l’aise de ce côté-là, s’avérant toujours plus efficace lorsqu’il fait ressortir son penchant plus dramatique.
Du coup, oublions son génial Sweet Sixteen ou même son détonnant It’s a Free World… puisqu’en faisant abstraction d’un certain sens de valeurs morales et en avouant sa subjectivité face à un certain parti pris pour ses personnages, Loach nous perd également, ne parvenant jamais à s’intéresser à l’histoire ou au destin alambiqué de ses personnages qui semblent tous foutus mais qu’il s’entête à vouloir redresser vers le droit chemin.
Non pas qu’on rejette l’attachant protagoniste que représente Robbie (même si Paul Brannigan n’a pas le charisme ou le talent de Martin Compston, mais les situations l’entourant et ses relations plus ou moins claires avec son entourage s’avèrent plus confuses qu’autre chose. Sans oublier que la direction vers une certaine fascination pour le Whisky semblera apparaître comme un cheveux sur la soupe avant de prendre un peu de manière incompréhensible toute l’importance.
Ainsi, on comprend au fur et à mesure les allées, les venues et les différentes significations peu subtiles du long-métrage, et c’est justement cela qu’on regrette: son manque de substance et de finesse. D’un cinéaste qui s’est déjà prouvé à de nombreuses reprises pour son sens de la profondeur et de l’audace, on se désole de la grande farce pratiquement burlesque et ridicule qu’il nous met sous le nez, s’entêtant à nous montrer d’insupportables personnages grossiers et imbéciles pour soi-disant nous divertir.
Avec des chansons pop-rock pour nous amadouer, un rythme qui croit être soutenu et des suspenses qui semblent s’échapper d’un bon film de vol de banque, on ne sait pas trop sur quel pied Loach a bien voulu nous faire danser.
Une fausse note plutôt dommage qui en a pourtant charmé plus d’un. Disons que pour le sujet, la cause et même le pays, à défaut d’être sympathiquement dépaysé à cause de l’accent, on s’attriste d’en avoir si peu pour notre argent. Au moins la digne présence de Roger Allam rehausse le temps de quelques instants un peu le niveau.
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de la rédaction