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«Song to Song» de Terrence Malick avec Ryan Gosling, Rooney Mara et Michael Fassbender

La misère des gens riches et célèbres

Publié le 11 avril 2017 par Rachel Bergeron-Cyr

Crédit photo : www.allocine.fr

Tergiversations amoureuses et existentielles qui se bercent dans un univers de musique, d’espace vide et de nature ample… des couleurs à la Malick qui n’étonnent ni ne surprennent plus personne. S’il est devenu une caricature de lui-même en abusant des caractéristiques qui ont fait sa marque par le passé, force est de constater que ce sont ses œuvres des dernières années qui en paient le prix. Malheureusement, Song to Song ne fait pas exception à ce triste constat.

Les trois premiers personnages, respectivement interprétés par Michael Fassbender, Rooney Mara et Ryan Gosling, nous sont offerts de façon sommaire; ils baignent dans la musique à travers les festivals, sur scène, avec les artistes, dans des soirées mondaines esthétiques mais anesthésiées.

Maison froide et vide, argent, alcool, sexe, voyages, déserts, points d’eau, ciel immense, narration off en décalage avec l’action présentée à l’écran; ces protagonistes pourraient porter autant de visages qu’ils changent de vêtements, de perruques, d’attitudes ou de lieux. Mais non. Ils sont absents. Un réalisateur qui ne regarde pas ses acteurs, ça les rend invisibles. Sur papier, il s’agit d’une formule difficile à croire.

Comment des acteurs de la trempe de Michael Fassbender, Rooney Mara et Ryan Gosling peuvent décevoir?

Bien sûr, ils sont beaux, riches, jeunes, en santé, fougueux. À un moment, on se sent divisé, envieux de cette vie «libre», sans responsabilités apparentes où tout semble possible. Le quotidien n’y existe pas. Tout est à prendre et tout est pris. Mais voilà que, simplement, on devient lassé de cette comédie qui tourne rapidement pathétique. Sexe désabusé, scènes qui tournent à vide, singeries et narration banale qui révèle des esprits immatures qui se perdent dans un ennui qui nous gagne très vite.

Sans vouloir juger les liens qui unissent les personnages, on en vient tout de même à se demander ce qui leur plaît l’un chez l’autre. Pourquoi ils se déchirent autant? Pourquoi ils mentent? Pourquoi ils trichent? Que font-ils? Qui sont-ils? Leur profondeur est si mince, ils nous apparaissent désincarnés et c’est à faire pleurer. Car ne pas donner plus de texture dans laquelle mordre, et à de tels acteurs, c’est quasi un sacrilège.

Et que dire des caméos? Iggy Pop, vu trop de fois dans un rôle de ce genre, Val Kilmer en ridicule vedette sur scène qui pète les plombs, Patti Smith en Patti Smith, Lykke Li en Lykke Li… et tant d’autres. Vous aurez compris le manège. Ce qui aurait dû apporter une véracité à cette culture musicale à Austin, au Texas, ne fait qu’amplifier cette vie faite d’exubérances.

On ne pourra cependant pas dire que Song to Song n’est pas dans l’ère du temps; nous sommes dans la surface des gens et des choses, l’instantanéité, là où rien ne dure et tout s’éteint rapidement. Tout comme notre intérêt pour l’œuvre, en fait.