«Serena» de Suzanne Bier, d'après le roman de Ron Rash, avec Jennifer Lawrence et Bradley Cooper à nouveau réunis – Bible urbaine

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«Serena» de Suzanne Bier, d’après le roman de Ron Rash, avec Jennifer Lawrence et Bradley Cooper à nouveau réunis

«Serena» de Suzanne Bier, d’après le roman de Ron Rash, avec Jennifer Lawrence et Bradley Cooper à nouveau réunis

Il était une fois l'amazone de la Grande Dépression

Publié le 5 décembre 2014 par Ariane Thibault-Vanasse

Crédit photo : Les Films Séville

Dans la mythologie, Médée était cette femme magnifique, un peu magicienne à ses heures, qui est tombée amoureuse de Jason. Pour lui prouver son dévouement, elle l'aida dans sa quête de recherche de la toison d'or. Puis, las de ses charmes, Jason la quitte elle et ses deux enfants. Trahie, Médée cède à une pulsion infanticide. Il existe nombre de représentations et d'adaptations de la figure de Médée. La réalisatrice Susanne Bier propose sa version en adaptant le roman «Serena» de l'auteur Ron Rash, avec pour figure de proue une Jennifer Lawrence au sommet de son art.

À l’aube de la Grande Dépression dans les montagnes de la Caroline du Nord, George Pemberton (Bradley Cooper) possède un campement de bois de construction et où il développe un chemin de fer. Plus enclin à travailler de ses mains que dans un bureau parmi d’autres aristocrates et bourgeois de la haute, il fait la rencontre de Serena dans un évènement équestre. Cette dernière est d’une beauté virginale et elle monte son cheval comme une amazone moderne; George Pemberton tombe sous le charme et l’épouse sans plus attendre. Les nouveaux mariés retournent au campement Pemberton après les noces, et Serena prouve qu’elle a l’étoffe d’une patronne intelligente qui impose le respect, non sans soulever la méfiance des hommes. Elle leur montrera toutefois qu’elle peut être leur égale, jusqu’à la fausse couche de son enfant qui la rendra infertile. 

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D’origine danoise, Susanne Bier est une réalisatrice aventureuse, qui prend des risques sans compromis. Autant à l’aise avec la comédie (Affaires de famille, 1994) qu’avec le drame (After the Wedding, 2006), la cinéaste de Copenhague conserve toutefois un style particulier issu du Dogme 95, mouvement cinématographique lancé en 1995 pour le centenaire de l’invention du cinéma, ayant pour but de réaliser des films de manière la plus réaliste possible, tout en critiquant l’utilisation abusive d’effets spéciaux. La caméra à l’épaule est dès lors la technique de prédilection du Dogme 95, dont Susanne Bier fait usage fréquemment dans sa filmographie. Et elle n’en démord pas dans Serena. Ancré dans un paysage montagneux idyllique (le tournage s’est déroulé dans la région de Prague), le film suit, par une caméra nerveuse, le triangle formé par le couple Pemberton et l’ensemble du campement. 

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Le personnage de Serena est hypnotisant, et Susanne Bier le lui rend bien. La cinéaste épouse toutes les formes et les émotions de sa protagoniste principale, qui font état de la grande beauté et de la force surhumaine de Jennifer Lawrence. Elle irradie et intrigue. On tombe amoureux de sa nature libre et sauvage comme George Pemberton, où se mêlent également des sentiments contraires à son égard. Mais tous deviennent esclaves de son charme mystérieux, y compris l’homme des bois, l’expert chasseur du campement et mystique à ses heures, Gallaway (Rhys Evans, mystérieux à souhait). Serena hante les esprits puisqu’elle est l’alter ego des hommes. Lorsqu’elle apprend qu’elle est enceinte, elle est même élevée au rang de sainte. Puis survient la fausse couche, terrible et tragique, à un mois de l’accouchement. Le courroux s’acharne sur la femme, car après cet épisode, elle doit mettre une croix sur son désir d’enfanter à nouveau. Ce qui faisait d’elle une femme n’est plus. Pire, ce qu’elle ne peut donner à son époux, quelqu’un d’autre lui offre à sa place. La part d’ombre qui a toujours sommeillé en elle refait alors surface. Pour le meilleur et pour le pire.

Susanne Bier peine à trouver le ton idéal entre des images léchées hollywoodiennes et sa touche imparfaite mais ô combien réaliste. Toutefois, le film hante le spectateur longtemps après le visionnement. Prête à tout pour sauver son couple, pour le pouvoir, Serena semble l’antihéroïne des temps modernes toute désignée.

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