«Saving Mr. Banks» de John Lee Hancock, mettant en vedette Emma Thompson et Tom Hanks – Bible urbaine

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«Saving Mr. Banks» de John Lee Hancock, mettant en vedette Emma Thompson et Tom Hanks

«Saving Mr. Banks» de John Lee Hancock, mettant en vedette Emma Thompson et Tom Hanks

Sirupeux à souhait

Publié le 20 décembre 2013 par Boris Nonveiller

Crédit photo : Walt Disney

La saison des fêtes est là, ce qui signifie deux choses: les cinéphiles auront de quoi se mettre sous la dent (il suffit de regarder les sorties des deux dernières semaines de décembre pour s'en convaincre), mais aussi que c'est la pêche aux prix prestigieux comme les Oscars, dont les membres sont souvent incapables de se rappeler les films sortis les onze premiers mois de l'année. Disney tente cette année sa chance avec la fameuse formule Shakespeare in love/King's Speech: une comédie dramatique d'époque aux bons sentiments avec une myriade d'acteurs célèbres, dont au moins un ou deux Britanniques, et bien sûr une fin rose bonbon. Il s'agit dans ce cas de Saving Mr. Banks, le récit de l'adaptation cinématographique des livres pour enfants Mary Poppins.

Walt Disney (Tom Hanks) avait tenté, pendant une vingtaine d’années de convaincre l’auteure londonienne P.L. Travers (Emma Thompson) d’accepter de signer les droits de ses romans pour en faire le film qui nous a tous vu grandir. Poussée par des besoins financiers, elle finit par accepter en 1961 et se rend à Los Angeles pour superviser l’adaptation. Le petit hic, c’est que la dame est dotée d’un caractère insupportable et de caprices très particuliers vis-à-vis du traitement de son œuvre: le film doit être exempt d’animations, de chansons, de la couleur rouge, et ainsi de suite. Elle est également très possessive en ce qui a trait au personnage de Mr. Banks, le patriarche de la famille qui reçoit la visite de la gouvernante magique.

Le personnage de Travers est particulièrement réussi, surtout grâce à la très bonne performance d’Emma Thompson, qui parvient à être sympathique malgré toutes ses manies, ses crises d’hystérie spontanées et son ton hautain typiquement anglais. On tient là une très bonne source de divertissement, surtout quand la chipie se dispute avec Walt Disney et son l’équipe. Le film aurait pu en rester là et demeurer une comédie sur le travail en studio. Malheureusement, l’histoire est entrecoupée par de longs et larmoyants flashbacks sur l’enfance de Travers, qui finissent par constituer la moitié du film. On y apprend que son père (Colin Farrell), qui lui a enseigné la vertu de l’imagination, était également un alcoolique invétéré. Tout est donc expliqué au spectateur par ce traumatisme: la personnalité intransigeante de l’auteure, son attachement malsain pour ses personnages, qui ne seraient que des calques des membres de sa famille, et tout le reste.

Le film perd également l’occasion de revisiter ce mythe controversé qu’est demeuré le mégalomane Disney. Mais sa maison de production n’aime pas beaucoup jouer avec son image, et le millionnaire excentrique est représenté comme un papy sympathique qui parvient à trouver l’origine du trouble de Travers, et la règle avec cette magie du cinéma qui lui est propre. C’est dommage, car le projet avait du potentiel: la reconstitution historique est impeccable, la distribution relève le défi, et les anecdotes sont cocasses. On passerait du bon temps si on n’avait pas toujours l’impression de se faire prendre pour un imbécile par un scénario sans nuance ni zone grise. Espérons que les membres de l’Académie ne tomberont pas dans le panneau cette fois-ci.

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