CinémaCritiques de films
Dans Sang-froid (version française de «Drive»), Ryan Gosling tient la vedette de Driver, un pilote automobile qui travaille comme chauffeur pour le compte de malfrats sanguinaires. Véritable Grand Theft Auto porté au grand écran, le récit s’avère un agréable mélange d’action, de romantisme, de courses folles à travers Los Angeles et de violence purement gratuite. Le film de Nicolas Winding Refn est basé sur le roman de l’Américain James Sallis, « Drive », écrit en 2005 et paru aux éditions Payot et Rivages.
Driver (Ryan Gosling) travaille de jour au garage de son ami Shannon (Bryan Cranston) et de soir dans des productions hollywoodiennes comme cascadeur. La nuit, plutôt que de reposer dans les bras de Morphée, le jeune homme prête son talent d’automobiliste chevronné à des gangsters sans pitié. Un jour, il rencontre Irene (Carey Mulligan) et son fils Benicio, ses voisins d’étage. L’homme, réservé et taciturne de nature, accepte de participer à un vol à main armée, afin de venir en aide à la jeune famille dans le besoin. Malheureusement, la mission échoue gravement et plusieurs personnes impliquées de près ou de loin y trouveront la mort. Si Driver veut sauver ses nouveaux amis, il devra mettre le grappin sur les responsables de l’organisation au plus vite.
Un scénario tiré d’un jeu vidéo
Le scénario d’Hossein Amini semble être en tous points basé sur l’une des histoires de Grand Theft Auto, l’un des jeux vidéo les plus populaires à la Xbox et à la PS3. En réalité, le concept est à peu près le même, mais à quelques exceptions près : un homme, mystérieux et taciturne, s’embarque dans une sombre histoire où sa vie sera rapidement en danger. Il rencontre des gangsters louches, qui lui proposent des missions périlleuses où il y a, évidemment, beaucoup d’argent en jeu. Bien entendu, l’homme se sent en confiance et ne se doute pas du tout qu’il y a environ neuf chances sur dix que le plan échoue et qu’une trahison se trame à l’horizon. Et c’est exactement ce qui se passe dans Sang-froid, sauf que la nouveauté, c’est que Driver fait la rencontre d’Irene, une charmante blonde, de laquelle il tombera éperdument amoureux.
Une réalisation à la John Hughes
À la base, le concept était clair : Nicolas Winding Refn souhaitait réaliser un film sombre, lent et percutant, basé sur l’œuvre du grand cinéaste John Hughes. Le projet a finalement pris naissance alors que l’acteur et le réalisateur discutaient ensemble dans une voiture et qu’ils écoutaient, par hasard, une chanson du groupe REO Speedwagon à la radio. C’est à partir de ce moment-là qu’ils ont décidé de mettre de l’avant l’idée qu’ils avaient eue simultanément ce soir-là.
Sang-froid est un film qui bénéficie d’une réalisation très soignée. En effet, le réalisateur Nicolas Winding Refn s’est efforcé de capturer le suspense et l’émotivité des personnages par l’usage de plans en plongée, fixes, et de ralentis. Aussi, la musique aide énormément à traduire l’intensité du moment. Les scènes plus sensuelles sont exprimées par l’usage d’une musique atmosphérique lente et planante, alors que la plupart du temps la bande sonore est caractérisée par une musique davantage électro-kitsch des années 80. Ainsi, le spectateur ressent mieux le caractère sombre d’un Los Angeles à l’intérieur duquel se trament bon nombre de crimes odieux.
La symbolique du scorpion est un élément très important quant à la compréhension du personnage mystérieux interprété par Ryan Gosling. En effet, selon L’Encyclopédie des symboles, cet «arachnidé, très dangereux à cause de son aiguillon venimeux, acquit très tôt la signification symbolique d’une menace mortelle mais reçut aussi l’acceptation compensatrice de porteur de vérité. […] Il est à la fois le signe de la mutation et le symbole de la victoire sur la mort». Driver, dans le récit, porte une veste sur laquelle on peut remarquer un imprimé en forme de scorpion. L’animal, en fait, caractérise la personnalité sereine et imprévisible du protagoniste, mais aussi la rapidité avec laquelle il peut vaincre ses ennemis. Une fois cette notion acquise, il est un peu plus aisé d’accepter, en tant que spectateur, l’énorme économie de dialogues qui donnent un caractère très épuré au film.
Sang-froid est somme toute un film captivant, au sein duquel on retrouve quelques bons moments forts en intensité, mais dont le rythme lent peut parfois causer un certain ennui chez le spectateur. L’auteur de «Drive», James Sallis, serait présentement en train de plancher sur l’écriture d’une suite de son roman. La rumeur n’a pas encore été confirmée, mais le réalisateur semble déjà intéressé à l’idée de réaliser la suite de son film. C’est donc une histoire à suivre.
Appréciation: ***
Crédit photo: Alliance Vivafilm
Écrit par: Éric Dumais