«Riddick» de David Twohy – Bible urbaine

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«Riddick» de David Twohy

«Riddick» de David Twohy

Loin de l'attente suscitée

Publié le 22 septembre 2013 par Manuel Yvernault

Crédit photo : eOne Films

Si Pitch Black, à première vue, n’est pas une franche réussite, il reprenait à l’époque les codes d’un cinéma version «bis» (avec un regard porté au plus proche du western italien) et se paraît de la saveur des séries B des années 80. Petit budget, mais pleinement décomplexé de son statut, le premier opus était un solide film de science-fiction. Vinrent ensuite Les chroniques de Riddick, suite totalement loupée et projet de studios afin d’engranger encore plus de billets verts. Si le film est cette fois produit de façon «indépendante», qu'en est-il du résultat sur le plan du divertissement?

Basé sur une histoire probablement écrite sur un post-it, dans sa première demi-heure le film tient au moins quelques promesses. Laissé pour mort sur une planète brulée, Riddick tente de survivre à l’univers sauvage qui l’entoure. Sous forme d’un survival de seconde classe, Vin Diesel, seul (ou presque) à l’écran, prépare doucement le rythme du film. Relativement intéressant, même si déjà vu. Passé ces trente premières minutes, l’échec du film s’amorce alors. Par échec, il faut comprendre que la suite ne s’adresse qu’aux amateurs du genre, peu regardants quant à la qualité de l’ensemble. Nous sommes parfaitement dans le créneau de la série B (peut-être même en dessous). Ici, prédomine l’action plus que n’importe quelle échappée scénaristique de qualité. Pire, le film use de presque tous les clichés du genre. Avec un budget doublé depuis les premières aventures du criminel incarné par Monsieur muscles, ce troisième volet ne semble pourtant pas souffrir d’un manque de moyens. À ce titre, la direction artistique tout comme les effets spéciaux sont d’une grande qualité. Cela ne suffit pourtant pas à rehausser le manque de cohérence dans la mise en scène de David Twohy.

Pourtant le film garde un certain charme, totalement disparu du deuxième volet et qui avait fait le succès de Pitch Black. Décors, ambiance post-apocalyptique, univers codifié, proche de ce que Métal Hurlant pouvait être. Hélas, ici, un scénario bien trop simpliste et caricatural vient gâcher le plaisir des amateurs du genre science-fiction horrifique. On ne retrouve pas l’inventivité ni les rebondissements du premier qui tenait sa force de son scénario, aux dépens d’une forme plus bricolée et attachante, faute de moyens. C’est l’inverse, le budget doublé ne parvient qu’à séduire sur le plan graphique et laisse de côté une réalisation plate et décousue. Erre au milieu de ce décorum les comédiens, Vin Diesel en tête (Monsieur Fast and Furious; depuis 2009, aucun autre projet que cette franchise) qui, malgré ses efforts, ne peut empêcher certains dialogues de tomber à plat. Si les amateurs savoureront les répliques badass, ils devront également subir de nombreux dialogues qui tombent à plat. En ce qui concerne le reste du casting, aucun des acteurs convoqués à la fête ne sort son épingle du jeu, quand certains s’avèrent même terriblement mauvais.

En voulant revenir aux sources, Vin Diesel et David Towhy, qui voulaient produire ce troisième opus en toute indépendance des studios, ne retrouvent finalement que très rarement les qualités de Pitch Black. Si le film dégage une réelle atmosphère et ne se prend pas plus au sérieux, il s’avère difficile d’apprécier ce survival dans son intégralité. La faute principale à un scénario en roue libre, plus cliché que série B. Reste le cadre, valsant entre science-fiction, survival gore, action et humour gras. Cocktail trop éclectique, assez mal dosé, qui finalement ne pourra être dégusté que par les fans du genre qui y trouveront probablement leur compte. Sans plus.

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