«Puzzle» d’Eisuke Naito – Bible urbaine

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«Puzzle» d’Eisuke Naito

«Puzzle» d’Eisuke Naito

Un thriller d’horreur qui ouvre une perspective sur le film d’art

Publié le 29 juillet 2014 par Éric Dumais

Crédit photo : Tous droits réservés

Inspiré du roman éponyme de Yusuke Yamada, le film Puzzle du réalisateur japonais Eisuke Naito est certainement l’un des opus les plus dérangeants présentés dans le cadre du festival international de films Fantasia cette année. Avec ce thriller d’horreur qui ouvre une perspective intéressante et intrigante sur le film d’art, Eisuke Naito réussit à la fois à déranger son spectateur, avec cet engrenage tordu de scènes de torture, tout en nourrissant l’imagination débridée des cinéphiles, qui doivent reconnaître tout le travail artistique derrière la caméra.

L’histoire se déroule entre les murs de l’école secondaire Noriaki Hill Sig, une institution scolaire privée où enseignants et élèves semblent travailler dans la paix et l’harmonie. Jusqu’au jour où la jeune Yasuda, étouffée par un mal-être évident, va provoquer tout un raz-de-marée d’émotions dans l’assemblée en se lançant dans le vide du toit d’un immeuble adjacent à l’école. Interpellé par cette tentative de suicide, le jeune Yuasa, un élève particulièrement complexé par cette verrue qui lui gâche la joue gauche, va se sentir interpellé par cet acte humiliant résultant directement de l’intimidation, de laquelle il souffre également.

Là où les choses partent à la dérape, c’est lorsque que quatre étudiants, le visage masqué par de colorés masques en forme de soleil, prennent en otage des membres du personnel dans le but évident de jouer à un jeu cruel. À travers ces trois actes barbares de violence et de méchanceté, les quatre inconnus vont provoquer l’alerte générale dans l’école, mais aussi dans la ville, forçant les autorités policières comme les concitoyens à se plier aux règles du jeu, autrement leurs victimes mourront de façon atroce et ô combien sanglante!

Impossible de ne pas reconnaître le concept élaboré par James Wan il y a dix ans avec son œuvre phare Saw, qui mettait en scène des malchanceux qui devaient combattre pour leur survie sous la gouverne d’un fou furieux qui tentait, par ses jeux tordus, de leur enseigner une leçon de vie supposée leur faire changer leur vision sur le monde, et leur entourage. Dans Puzzle, on retrouve également, à travers des mises en scène complexes, des victimes prises dans l’étau serré d’un instrument de torture, mais ce sont les autres qui doivent rassembler les pièces du casse-tête pour espérer leur sauver la vie.

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Sanglant à souhait, le plus récent film d’Eisuke Naito s’inscrit, tout comme Cybernatural de Leo Gabriadze, dans la lignée des films dont l’intimidation est le prétexte à une rafale de scènes violentes et dérangeantes qui laisse place au thriller d’horreur. Le réalisateur, qui nous a offert, en 2012, Let’s Make the Teacher Have a Miscarriage Club, a décidé d’élever l’horreur à un second plan avec une réalisation qui emprunte certains codes au film d’art.

Ellipses révélatrices, nombreux ralentis, gros plans et très gros plans, musique féerique ou discordante, qui ressemble à celle de John Zorn dans Funny Games, et scènes sanglantes de danse ou de sang vaporisé, Puzzle n’est certainement pas un film destiné aux adolescents, comme le laissait entendre le romancier Yusuke Yamada dès la sortie de son livre, mais plutôt une œuvre éclatée.

Si certaines scènes de combats sont étirées à outrance, la souffrance ayant ses limites, d’autres sont carrément de mauvais goût, comme celle où un micro-ondes tombe du plafond sur le ventre d’une femme enceinte. Outre ces légers détails, on embarque à plein régime à travers les pages de ce scénario qui multiplie les rebondissements.

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