«Mince Alors!» de Charlotte de Turckheim: le bonheur clé, c'est de s'apprivoiser! – Bible urbaine

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«Mince Alors!» de Charlotte de Turckheim: le bonheur clé, c’est de s’apprivoiser!

«Mince Alors!» de Charlotte de Turckheim: le bonheur clé, c’est de s’apprivoiser!

Publié le 25 juillet 2012 par Justine Boutin-Bettez

C’est dans une sphère d’encensement qu’Axia Films présentait au Cinéma Beaubien, Mince alors!, un parcours cinématographique réalisé par Charlotte de Turckheim (Mon père, ce héros, Les aristos) et coproduit par Christine Gozlan et Dominique Besnehard. Le film met en perspective les comédiennes Lola Dewaere, Catherine Hosmalin et Victoria Abril, lesquelles en sont à leur troisième collaboration aux côtés de la réalisatrice française.

Voilà un titre donnant réflexion et conscience sur l’acceptation de soi et sur la bénédiction de ce qu’est notre corps. Ce film tangente sur l’obésité infantile en se frayant un chemin vers l’anorexie, sujet encore tabou à ce jour. Une analogie partielle entre deux problèmes de santé menottant psyché et moralité. Mince Alors! aborde ces thèmes avec diplomatie et comédie, tout en se nichant dans la pyramide de la satire.

Notre corps humain est un délicat fossile. Fascinant et faste, tout dépendant le jour du calendrier, et rougissant selon la température décorative. Disons-le franchement, notre corps féminin nous fait vivre des sensations fortes. Un jour nous l’aimons, l’autre jour nous le détestons. Un jour on se dévitalise, l’autre jour on se dévalise. Et c’est bien ce qu’a fait le personnage principal de Mince alors!

Nina (Lola Dewaere) est une jolie jeune femme avec quelques kilos en trop. Cette dernière est mariée à Gaspard, lequel n’a d’yeux que pour les femmes minces. Ce tandem amoureux vit à Paris et y confectionne une ligne de maillots de bain raffinée et tarabiscotée. Éperdument amoureuse, Nina est prête à tout pour plaire à Gaspard comme au premier jour. C’est alors qu’elle accepte son cadeau équivoque et bivalent, c’est-à-dire un séjour thérapeutique dont le soin premier est de perdre du poids. Sans choix, elle se retire donc dans un lieu parfaitement isolé, Brides-les-Bains, le dernier espoir des gros quand on a tout essayé. Cette occasion unique permettra à Nina de se lier d’amitié avec Sophie (Victoria Abril), une avocate venue de Marseille, qui a la fâcheuse manie de tout contrôler sur son passage, notamment son corps et son cœur. Puis, Émilie (Catherine Hosmalin), mère au foyer, généreusement garnie, se plaît à rugit haut et fort qu’être gros c’est beau! La rencontre de ces trois femmes s’avérera fatale pour celui qui osera jouer au jeu du malhonnête. Un trio oblitéré d’une marque amusante!

L’intrigue s’est nouée dès le commencement du film. Tout d’abord, la plupart des femmes auraient eu le visage indigo suite à une telle proposition, surtout de la part de son mari. Il est plutôt choquant et indigne d’entendre un indicatif de cet indifférentisme aigu. Les situations, creuses par moment, ont certes créées un surplace, un figé, qui est allé se crisper dans le mélodramatique intransigeant. Nous pensons ici aux entourloupettes et aux contorsions familiales du domaine Brides-les-bains. De cette contextualisation, un jeune gamin nommé Thomas se confie à Émilie, lui disant avoir perdu sa mère et ne pas avoir de père. Dans ce sens, Émilie est instrumentalisée par les confidences du jeune singe et s’épanche d’un amour maternel pour celui-ci. Puis, changement de cap, le jeune a une mère, qui est sa sœur Roxane, mais qui est tout de même sa mère. Ceci n’est qu’une flopée parmi tant d’autres. Tout ce contingentement n’a fait, hélas!, qu’octroyer la réelle pulsation du film.

Enfin, c’est un film aux explorations humoristiques. Les personnages, au bout du compte, étaient bien peaufinés, se versant quelques fois dans les dérives de la parodie, et les dialogues escortaient les pures traditions françaises. Ce qui veut dire ici une aquarelle de rapidité et un filigrane de simplicité.

La réalisatrice Charlotte de Tuckheim avoue avoir été victime d’un surplus de poids important au tournant de la quarantaine. En étant tributaire et concernée face à ce prélude, elle s’est sentie interpellée par tous les problèmes de poids insurgés dans notre société. Ainsi, ce film est une prémisse à la sensibilisation de ce fluage de surconsommation. Qui rend les obèses obsédés par la malnutrition? Qui? L’obésité nous touche de près ou de loin. Ce portrait est locuteur de la compréhension, tant par ses images choquantes et ses propos diffamatoires de cette réalité qui n’a rien de la poétisation. Une douleur morale, vive, qui poignarde du fait de son existence. Les personnages de Mince alors! acceptent leurs peines. Elles chapeautent leurs corps tel un sinistre chagriné d’ignorance. La terre entrait dans leur bouche. La terre entrait dans leur ventre. Mince alors!, tu es grosse. Mince alors!, tu es magnifique!

À l’affiche dès le 27 juillet.

Appréciation: ***1/2

Crédit photo: Axia Films

Écrit par: Justine Boutin-Bettez

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