«Metalhead» de Ragnar Bragason – Bible urbaine

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«Metalhead» de Ragnar Bragason

«Metalhead» de Ragnar Bragason

La glorification du métal

Publié le 7 août 2014 par Marie-Hélène Chagnon St-Jean

Crédit photo : Tous droits réservés

Metalhead, imprégné de déni et de noirceur, trouve pourtant la lumière à travers une musique dite satanique. Ici, la glorification du métal représente l’échappatoire tout indiquée pour le protagoniste, défiant par le fait même les clichés de cette contre-culture ostracisée.

Témoin de la dramatique mort de son frère Baldur sur la ferme familiale, Hera, alors âgée de 12 ans, se sent incapable de surmonter le vide que sa disparition a créé. Ayant le sentiment qu’un injuste destin vient de la frapper, elle entreprend alors d’incarner les fondements du heavy métal que Baldur endossait, ce qui lui permet de redonner vie à sa guitare et à son blouson de cuir.

Son désir de rébellion s’accroit face à la quiétude de sa communauté, à la rigidité qu’on lui impose, cherchant chaleur dans ce paysage nordique. Ce bled, où l’avenir réside dans l’industrie laitière, la dénature plus qu’il ne la réconforte. On la retrouve femme et tout autant en ébullition. Celle qui s’était jurée de quitter cet enclos maudit n’a toujours pas su se libérer du poids de l’isolement de son village. Restée attachée à une famille qui, comme elle, n’a pas pu surmonter la tragédie, la fuite lui semble impossible. Elle tentera d’y trouver sa voix, car la vie après la mort continue.

Présenté en première mondiale au festival de film de Toronto l’année dernière, Metalhead avait déjà reçu un accueil critique favorable à son égard. Le réalisateur islandais Ragnar Bragason, acclamé pour son travail dans Children, Parents et la télésérie Nightshift, élabore dans ce film une esthétique et une mélancolie proprement scandinaves. Les paysages enneigés, l’isolement des familles et la froideur des interactions entre les personnages donnent en effet un aspect glacial aux projets du réalisateur. Quant à elle, l’actrice Thorbjörg Helga Dyrfjörd (DEEP) incarne une admirable Hera, se distinguant par sa beauté silencieuse et sa profondeur ressentie. Le film s’est d’ailleurs vu décerner huit prix au festival de film d’Icelande de 2014, incluant le titre de meilleure actrice, meilleur acteur de support et prix du public.

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Sous une trame sonore haute en décibels d’Iron Maiden, Teaze et de Venom, qui guidera la catharsis centrale du film, on nous offre d’émouvants tableaux. Metalhead invite à la réflexion sur le deuil par l’exorcisme de craintes de ceux qui restent. Les douleurs vivantes des protagonistes se comprennent dans leurs quotidiens, leurs habitudes et non pas lors de grands évènements datés au calendrier. Plusieurs larmes sont coulées sur les plaies que la famille garde ouvertes, mais Bragason œuvre d’une ironie dentelée pour balancer les charges émotives par certains éclats de rires.

Il faut dire, par contre, qu’un manque de fil conducteur central est ressenti tout au long du film. La richesse de l’histoire comme l’intérêt du cinéphile en souffriront. Ce sont de belles scènes, certes, mais pas un film d’une grande portée. Metalhead figure somme toute parmi les bons films qu’il était possible de voir à Fantasia dans le cadre de cette édition de 2014. Chose sûre, Megadeth n’aura jamais paru plus réconfortant.

«Metalhead» fut présenté à guichet fermé les 4 et 5 août derniers au théâtre J.A. de Sève.

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