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Crédit photo : Métropole Films
Sous les traits du talentueux Wei Ling Soo se cache Stanley (Colin Firth), magicien anglais de renom. Être sarcastique et dénué de toute parcelle de folie, Stanley se voit donné pour mission par un collègue prestidigitateur de démasquer une présumée fraudeuse venant des États-Unis qui se vante de posséder des pouvoirs de médium plutôt convaincants. S’attendant rencontrer une Madame Minou sans scrupule, le drabe magicien sera complètement désarçonné par le charme de l’irrésistible Sophie Baker (Emma Stone, une beauté virginale). Il se laissera prendre au jeu de son don de divination en plus de celui de croquer la vie à pleines dents.
Woody Allen a pour vitesse de croisière de produire un film par année. À ce rythme, il est plus que normal de ne pas réaliser de chef-d’oeuvre à tous les coups. Surtout que l’an dernier, il nous a fait l’offrande du très puissant Blue Jasmine. Difficile de faire mieux dans un délai de douze mois. Il ne faut donc pas s’attendre à un grand crû Allen avec ce Magic in the Moonlight, mais tout au plus à un mignon divertissement. Le style du réalisateur semble s’essouffler, empruntant à ses films précédents certains éléments originaux qu’il rapièce ici. Ainsi, on reconnaît la trame musicale et l’atmosphère années 20 de Midnight in Paris (2011), de l’univers rocambolesque de Scoop (2006) et des rudiments horoscopiques de You Will Meet a Tall Dark Stranger (2010). Une ribambelle de citations qui rendent le film un peu brouillon.
Mais de la verve, il n’en a point perdu ce Woody. Des répliques truculentes parsèment le scénario, portées avec beaucoup de sarcasme par Colin Firth (un tantinet perdu dans son personnage névrosé, trait de caractère chéri du réalisateur). Des petits moments bonbons qui s’emboitent d’une jolie façon avec les longs questionnements sur la mort et Dieu. Le sarcasme masque les angoisses profondes et derrière cette façade de magicien cynique à l’ego démesuré se cache un être qui a tout simplement peur de ce qu’il n’arrive pas à expliquer. La jolie Sophie vient brouiller toutes les cartes du monde réel en pouvant communiquer avec les esprits et c’est ce qui la rend si charmante aux yeux de Stanley. Or, ce charme ne viendrait-il pas plutôt des doutes qui nous tenaillent constamment quant au monde qui nous entoure et de notre lâcher-prise face aux mystères de la vie?
C’est donc une petite leçon de philosophie charmante, mais un brin naïve, que nous propose Woody Allen et son Magic in the Moonlight, trop fade pour la brillante filmographie du cinéaste. Le temps est tout de même à la réjouissance; la prochaine cuvée ne pourra être que meilleure!
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de la rédaction