«Looper» de Rian Johnson – Bible urbaine

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«Looper» de Rian Johnson

«Looper» de Rian Johnson

Quand voyager dans le temps ne rime pas toujours avec tranquillité

Publié le 26 septembre 2012 par Olivier Boivin

Crédit photo : Alliance Vivafilm

L’action se déroule en 2044, trente ans avant que l’on réussisse à voyager dans le temps. En effet, c’est en 2074 que les méthodes sont véritablement à point, permettant à une nouvelle catégorie de bandits bien organisés de renvoyer dans le passé le corps de leur victime, afin de mieux les faire disparaître pour de bon sans laisser de traces. Looper est destiné à un auditoire d’adultes bien avertis. Place à un film dur où violence, pouvoir et terreur semblent avoir une emprise sur tout.

D’abord, il faut comprendre qu’un «looper», est un bandit (plus ou moins futé) qui attend sagement l’apparition d’une victime arrivée tout droit du futur afin de la tirer sur-le-champ et de dissimuler le corps savamment. À la seconde où le corps est projeté trente ans auparavant, il est exécuté, puis lancé dans un énorme trou où il est brulé. L’histoire nous cloue littéralement sur le fond du fauteuil dès la première minute. Joseph Gordon-Levitt (Joe) et Bruce Willis (Old Joe) incarnent le même personnage principal à différentes époques de leur vie, dont les chemins se croisent en 2044, puisque ce dernier trouve la technique d’esquiver son propre parcours de «victime», lui permettant de ne pas subir sa propre exécution en arrivant en 2044.

Pour faire une histoire courte, le futur n’est pas jojo dans ce long-métrage de près de deux heures. Complètement réussi comme film? Pas tout à fait. Bien que l’on soit hypnotisé par tant d’effets visuels futuristes captivants dès le premier quart du film, le déroulement des péripéties nous transporte dans un univers complexe et difficile à assimiler. Lourd et trop dense, c’est à peine si on aurait osé imaginer un tel cheminement des personnages. Le talent des acteurs permet toutefois de balancer le poids des interminables drames qui n’en finissent plus.

L’ambiance du film est rafraîchissante et tendue à la fois et dans l’ensemble on peut dire qu’il décharge sur nous une panoplie d’émotions, du plus subtil sursaut au plus grand désespoir. Le mélange apocalyptique urbain déclenche un contraste hors du commun par rapport à une réalité rurale délaissée. Le charme du film réside probablement dans ce clash futur-passé et campagne-ville, où stagnation et évolution s’entrecroisent en arrière-plan, laissant place à des situations époustouflantes. Point fort du film!

En ville, c’est l’enfer total. Les pauvres sont plus démunis que jamais et les riches, eux, ont développé une puissance effroyable, autant psychologique que technique. Les panneaux publicitaires vendent des techniques de pouvoir mental, puisque la mode est aux gens qui utilisent la télékinésie que l’on appelle ici des «TK». Ces êtres, en mesure de faire bouger des objets métalliques uniquement par leur concentration mentale, semblent demeurer dans grand mystère dans cette ère de la peur. Certains aiment impressionner leur entourage avec un 25 sous tournoyant dans les bars, ce qui peut sembler coquin, mais d’autres font des ravages d’une ampleur dévastatrice et démesurée.

Le jeu d’Emily Blunt, dans le rôle de Sara, est puissant et juste. Elle y incarne une femme méfiante, retirée en campagne, qui est prête à tout pour protéger un petit garçon aux pouvoirs de télékinésie immenses qu’elle semble vouloir cacher coûte que coûte. Mais pourquoi au juste? En effet, il semble y avoir un secret sous-jacent bien gardé autour de ces deux personnages…

Looper est certainement un film à voir, mais qui ne devrait pas marquer pour toujours le spectateur, si ce n’est que de permettre d’inspirer le septième art futuriste avec son lot de clins d’œil technologiques et apocalyptiques.

En salles dès le 28 septembre.

 

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