«L'étrange couleur des larmes de ton corps» d'Hélène Cattet et Bruno Forzani – Bible urbaine

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«L’étrange couleur des larmes de ton corps» d’Hélène Cattet et Bruno Forzani

«L’étrange couleur des larmes de ton corps» d’Hélène Cattet et Bruno Forzani

Le fantasme de style Guimard

Publié le 14 octobre 2013 par Ariane Thibault-Vanasse

Crédit photo : Festival du nouveau cinéma

Un autre film qui vaut le détour cette année au FNC est présenté dans la catégorie Temps Ø. Il s'agit de L'étrange couleur des larmes de ton corps d'Hélène Cattet et Bruno Forzani, une coproduction qui débarque directement de la France, de la Belgique et du Luxembourg qui conjugue suspense, gore et érotisme. Mariage insolite et qui tient en haleine jusqu'au bout. Avec quelques orgasmes en prime...

Mettant en scène un sublime et inquiétant appartement Art nouveau, le film est une appropriation d’un giallo (genre principalement italien à la frontière du cinéma policier, du cinéma d’horreur et de l’érotisme ayant connu son heure de gloire de 1960 à 1980) mêlant les références à Tarantino et à Leone. Dans cette bâtisse où les murs cachent les secrets les mieux enfouis, des femmes disparaissent dont l’épouse de Dan Kristensen. Celui-ci partira donc à sa recherche dans les dédales des corridors cachés et sera prisonnier à la croisée des chemins des rêves et des mythes à un rythme effarant. Le montage est une prouesse qui rendrait jaloux le cinéma d’horreur d’aujourd’hui.

Dans son enquête, il fera la connaissance d’une femme à la beauté énigmatique. Telle une Circée du 21e siècle, elle l’envoûtera pour lui faire subir les pires tortures. Éclats de verre et lames de rasoir qui fendent la peau sont au rendez-vous. Avec pour bande sonore des gémissements féminins au bord de l’extase, L’étrange couleur des larmes de ton corps se penche sur la genèse du désir des hommes envers l’autre sexe. Cette première expérience se manifeste par Laura, esprit perverti de l’appartement qui fait découvrir aux femmes les limites de leur corps. Le film est orné d’arabesques lancinantes, de femmes à la chevelure infinie et de formes élancés à la frontière d’un expressionnisme angoissant. Les illusions sont partout et le spectateur est aux prises avec des doutes violents tout au long du visionnement.

Les réalisateurs, Hélène Cattet et Bruno Forzani, provoquent le spectateur à un jeu cruel où l’inconscient est un labyrinthe et le fantasme, un monstre. Le rêve est suggéré tout au long du film et les symboles phalliques sont inépuisables. Ceux du sexe féminin sont représentés très graphiquement dans les plaies béantes au couteau des victimes assassinées. Le message est plutôt clair de ce côté.

Dérangeant et d’un délicieux inconfort, L’étrange couleur des larmes de ton corps ne peut laisser personne indifférent. L’érotisme est traité de manière hors norme, plus sensorielle que visuelle. Un mélange entre Basic InstinctKill Bill et L’Empire des sens. Définitivement une expérience à ne pas manquer!

Le film est présenté le 15 octobre au Cineplex Odeon du Quartier Latin. Pour la programmation complète: http://www.nouveaucinema.ca.

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