Cinéma
Crédit photo : Image provenant de l'oeuvre «Arrival» de Denis Villeneuve.
2010 – Black Swan de Darren Aronofski
La version sombre du Lac des cygnes, adaptée par le réalisateur Darren Aronofski, en a laissé plusieurs mitigés (comme tous ses films, d’ailleurs). Certains ont adoré, alors d’autres ont tout simplement détesté. C’est surtout la psychologie du personnage de Natalie Portman qui en a refroidi plusieurs. Celle-ci tombe dans une sorte de transe obscure…
Le long métrage n’aurait probablement pas obtenu la première place de notre palmarès si l’actrice n’avait pas interprété de manière aussi magistrale le protagoniste Nina. Bien que son personnage soit très ténébreux, Portman livre ici une performance hors du commun où elle semble ne faire qu’un avec tout ce qui l’entoure.
2011 – The Tree of Life de Terrence Malick
Le cinéaste américain, reconnu pour son réalisme et sa grande appréciation de la nature et de l’univers, est de retour avec son œuvre la plus sensible à ce jour. Fidèle à lui-même, et par respect pour sa signature artistique, il laisse l’histoire dérouler tout doucement pour bien permettre aux spectateurs de contempler ce qui s’ouvre sous leurs yeux.
Le récit est présenté à travers différentes époques et suit les différents protagonistes de l’histoire, interprétés par Brad Pitt, Jessica Chastain et Sean Penn. De fil en aiguille, nous découvrons ce qui a marqué leur histoire à chacun alors que ceux-ci s’ouvrent à nous à l’écran.
La musique s’aligne parfaitement avec les émotions des personnages et transporte leurs sentiments jusque dans l’espace. Dans The Tree of Life, l’être humain est petit et l’espace est immense, mais tout est relié et, ensemble, ils ne font qu’un.
2012 – Moonrise Kingdom de Wes Anderson
L’univers unique et décalé de Wes Anderson est ici mis en images par deux jeunes sur l’Île Prudence. Sam est un jeune scout et il y rencontre sa belle Suzy. À deux, et sans se connaître réellement, ils décident de fuir leurs vies respectives. Les habitants de l’île, et les parents de Suzy, se mettent alors à leur recherche.
Ces deux jeunes personnages sont hilarants. Leur naïveté, leur innocence et leur amour font tout le succès de ce film. Ils sont mignons ensemble, et ce, malgré le fait qu’ils se connaissent à peine. Les acteurs qui les entourent, dont Edward Norton, Bruce Willis et Frances Mc Dorman, apportent une profondeur au récit et à l’univers spécial du réalisateur émérite.
Cette même année l’une des oeuvres les plus populaires de notre époque a vu le jour: The Act of Killing de Joshua Oppenheimer. Ce documentaire traite du génocide en Indonésie et a fait face à plusieurs critiques très positives, notamment en raison de son traitement esthétique et narratif particulier.
2013 – 12 Years a Slave de Steve McQueen
Solomon Northup était un homme libre jusqu’au jour où ’il se fait enlever et vendre comme esclave. Il demeure alors l’esclave d’un terrible propriétaire de champ de coton, et ce, pendant plusieurs années.
La finale du film est bouleversante à souhait et, au moment où il serre ses enfants et sa femme dans ses bras, c’est comme si le spectateur pouvait enfin relâcher le souffle qu’il retenait depuis le début de l’œuvre. Quel soulagement!
Et que dire de la performance de Michael Fassbender? Une fois de plus, Steve McQueen et lui font un duo d’enfer devant et derrière la caméra. 12 Years a Slave signait ici leur troisième collaboration. Le rôle d’antagoniste de Fassbender est à la fois mémorable et cruel. L’œuvre complète aura valu à McQueen et à son équipe de nombreuses reconnaissances internationales, dont l’Oscar du meilleur film en 2014.
2014 – Timbuktu d’Abderrahmane Sissako
Timbuktu dresse le portrait d’une famille habitant au Mali, à Tombouctou. Un jour, des islamistes prennent la ville d’assaut et imposent la charia. Vous l’aurez deviné, ce que leur présence apporte aux habitants n’augure rien de bon… Dites adieu à la musique, au football et aux cigarettes!
Les femmes sont forcées de se marier et sont même persécutées. La jeune famille dont nous suivons l’histoire vit, quant à elle, dans le désert. Elle semblait hors de danger jusqu’à ce que ces nouvelles lois s’étendent jusqu’à elle…
Ce long métrage est très percutant et fait réfléchir à tout ce qu’il se passe sur un continent qui peut parfois nous paraître inconnu. Les films sur l’Afrique méritent de sortir de l’ombre et celui-ci a très bien réussi à le faire en obtenant de belles récompenses, et ce, aux quatre coins du globe.
2015 – Carol de Todd Haynes
Cette oeuvre est à la hauteur de son personnage principal, Carol: raffinée, luxueuse, élégante, sensible et absolument magnifique. Cate Blanchet incarne l’âme même du film, accompagnée par Rooney Mara qui, quoique plus discrète, apporte une certaine légèreté à l’œuvre. Ce duo est remarquable à plusieurs égards, mais c’est surtout leur fusion qui épate.
Leur relation naît et évolue doucement tout au long de l’histoire. Beaucoup d’éléments peuvent être interprétés, et c’est ce qui rend ce film si beau: le spectateur s’imagine leur amour à sa façon. Leurs jeux d’acteurs sont doux et attentionnés. Leurs gestes et leurs regards en disent long, tout en étant timides et délicats. Rien n’est laissé au hasard et c’est grâce à cela que nous y croyons!
2016 – Arrival de Denis Villeneuve
2016 fut une année extrêmement riche en qualité et en originalité. Nous devons à tout prix mentionner des œuvres extraordinaires telles que Toni Erdmann (Maren Ade), Moonlight (Barry Jenkins) et, bien sûr, Mademoiselle de Park Chan-wook.
Mais notre coup de cœur de cette année-là revient incontestablement à notre cher Denis Villeneuve. Récemment élu meilleur réalisateur de la décennie par la Hollywood Critics Association (!), le cinéaste a réussi à créer une œuvre bouleversante, fidèle à la nouvelle d’origine, tout en y laissant sa touche personnelle. C’est un film puissant qui réussit à surprendre grâce au montage minutieux et au jeu incroyable d’Amy Adams.
Avec Arrival, Villeneuve a laissé sa trace dans le cinéma américain avec l’aide, notamment, d’une équipe technique québécoise qui a fabriqué ses décors ici au Québec. Cette réalisation a fait de lui l’un des réalisateurs les plus réputés, et il est d’ailleurs, de nos jours, à la barre de projets ambitieux, dont Dune. Et le meilleur dans tout cela, c’est que Denis Villeneuve n’oublie pas d’où il vient!
2017 – 120 battements par minute de Robin Campillo
Il faut le dire, ce film a laissé peu de spectateurs indifférents. Le récit se concentre sur la lutte du SIDA en France dans les années 1990. Les spectateurs assistent, d’une manière extrêmement réaliste (notamment grâce aux jeux des acteurs et au superbe montage) aux réunions des militants d’Act Up-Paris. Ceux-ci n’ont qu’une seule mission: faire connaitre les dangers du SIDA à tous pour ainsi lutter contre l’indifférence.
Les personnages sont tous très attachants et l’œuvre dresse un portrait intime d’un jeune atteint de cette terrible maladie toujours incurable. De magnifiques images accompagnent ces jeunes adultes qui vivent tant bien que mal avec ce lourd poids sur leurs épaules.
Mention spéciale à Three Billboards Outside Ebbing, Missouriri. Une œuvre au scénario impeccable qui est très touchante et portée par des acteurs de haut niveau qui se donnent corps et âme.
2018 – Ready Player One de Steven Spielberg
Steven Spielberg n’a plus besoin de se faire un nom et une réputation. Il est connu par tous, et la majorité de ses films sont adorés, en plus de faire maintenant partie des œuvres les plus influentes de notre époque. Avec Ready Player One, le cinéaste revient aux sources avec son amour pour la science-fiction et il réalise enfin le film qu’il a toujours rêvé de créer.
Ready Player One est bondé de références qui feront sourire petits et grands, cinéphiles ou non (même si les fans de Kubrick seront assurément comblés). Les images regorgent de détails minutieux, et les spectateurs peuvent ainsi découvrir de nouvelles choses à chaque visionnement. Spielberg partage au public le plaisir qu’il a eu à faire ce film. Cet amour du septième art et de la culture geek transperce l’écran et nous arrive droit au cœur.
2019 – Parasite de Bong Joon-ho
L’année 2019 a certainement été dominée par une œuvre en particulier et c’est Parasite. Débutant son parcours au Festival de Cannes en remportant la prestigieuse Palme d’or, qui est remise au meilleur film de la sélection officielle, cette oeuvre coréenne n’a jamais cessé d’émerveiller les cinéphiles et critiques encore aujourd’hui Peut-être que le film réussira à avoir un parcours parfait en remportant l’Oscar du meilleur film étranger le 9 février prochain? À suivre!
Mais incontestablement, la mise en scène est d’une richesse époustouflante, et le scénario, bien réfléchi, est surprenant, et surtout intelligent. Tous les éléments visuels et narratifs possèdent une importance capitale et aide à ce que l’histoire réussisse à garder le spectateur en haleine jusqu’aux dernières secondes. On peut dire que Bong Joon-ho est revenu en force, après son film Okja, qui en avait déçu plusieurs par ailleurs. Regarder Parasite, c’est tout simplement un réel plaisir.