«Les combattants» de Thomas Cailley dans le cadre de Cinemania – Bible urbaine

CinémaCritiques de films

«Les combattants» de Thomas Cailley dans le cadre de Cinemania

«Les combattants» de Thomas Cailley dans le cadre de Cinemania

L'amour en champ de bataille

Publié le 11 novembre 2014 par Jim Chartrand

Crédit photo : www.festivalcinemania.com

Les combattants fait partie de ces films qui, en s'intéressant à la jeunesse, se permettent du même coup de la faire grandir. C'est en somme une tendre surprise qui vivifie l'esprit tout en offrant des propositions d'une sincère beauté.

Récipiendaire du prix FIPRESCI lors de la plus récente Quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes, le premier long-métrage de Thomas Cailley s’intéresse a priori à des sujets qu’on a vus des milliers de fois. Entre l’errance des vacances d’été, les questionnements d’adolescents et le coup de foudre imprévisible des premières amours, on a de quoi avoir peur de s’écrouler sous les redites. Pourtant, aidé par la justesse du scénario et l’originalité des perspectives adoptées, Les combattants prend avantage de son excellente distribution, qui s’investit avec nuance dans des rôles qui arrivent à transcender les simples clichés.

Grâce à un humour absurde et des dialogues pince-sans-rire mais ô combien hilarants, que Stéphane Lafleur ne renierait certainement pas, le film livre avec fraîcheur l’histoire d’Arnaud, jeune homme en pleine effervescence adolescente. Ce dernier, joué avec candeur et détachement par un attachant Kévin Azaïs (frère inattendu du talentueux Vincent Rottiers), divague suite de la mort de son père, entre l’importance d’aider son frère durant l’été pour faire survivre la compagnie familiale, ce à quoi il n’accorde pas tant d’intérêt, et sa fascination pour Madeleine, ce à quoi il investit de plus en plus d’intérêt.

les-combattants-adele-haenel-kevin-azais-cinemania-bible-urbaine

Adèele Haenel et Kévin Azaïs dans «Les combattants» de Thomas Cailley

Le hic, c’est que Madeleine, incarnée par une fascinante Adèle Haenel, qui fait suite à sa performance dans le déchirant Suzanne de Katell Quillévéré (lequel lui a valu le César de la meilleure actrice de soutien), est à la fois mésadaptée, antisociale et nihiliste. Ne voyant en l’avenir qu’une apocalypse inévitable, elle ne pense qu’à s’entraîner — selon des principes militaires — pour une survie radicale qui sera certainement tout sauf délicate. Face aux incontrôlables feux de forêt qui ravagent la Gironde et les orages de plus en plus violents, il devient d’ailleurs de plus en plus dur de ne pas lui donner raison.

Ainsi, le film emprunte ses airs à des éléments comparatifs honorables et récents, semblant s’apparenter aux nombreux Grand Central, Daydream Nation et The Kings of Summer. Fier participant à cette vague de films s’intéressant à ces jeunes délaissés qui apprennent autant de leur fougue que de leurs erreurs, le long-métrage de Cailley fait autant sourire que rire et réfléchir.

les-combattants-thomas-cailley-cinemania-bible-urbaine

«Les combattants» de Thomas Cailley

Mieux, sans être nécessairement moins troublant, il est loin d’être aussi maladroit que 1er amour, et s’avère aisément l’une des démonstrations cinématographiques les plus romantiques que l’on ait eu la chance de voir sur grand écran cette année. Avec cette capacité d’afficher toute la délicatesse et la subtilité des coeurs qui battent en silence dans l’ombre de l’amour naissant, il vient nous chercher au bon endroit afin de nous charmer par sa sympathique introduction, jusqu’à sa finale concrètement et métaphoriquement libératrice.

Enfin, on peut affirmer sans mal que l’attention que Les combattants s’est attirée depuis sa présentation en Europe est plus que méritée. La mise en scène compétente, qui tire profit de son environnement urbain et naturel, comme des différents niveaux de charisme de sa distribution, s’amalgame avec sa trame sonore énergique. De plus, on craque avec facilité pour tous les aspects de ce film d’une admirable beauté, et également plus réfléchi qu’il ne le laisse croire dès le départ. Comme quoi derrière la farce se cache la sagesse. Très réussi.

«Les combattants» est présenté au Cinéma Impérial le mardi 11 novembre à 19h et le mercredi 12 novembre à 12h45 en présence de l’actrice principale, du réalisateur et du producteur. Par le biais de K-Films Amérique, le film prendra l’affiche en salles le 14 novembre prochain.

L'avis


de la rédaction

Vos commentaires

Revenir au début