«Le météore» de François Delisle: de la beauté dans le néant – Bible urbaine

CinémaCritiques de films

«Le météore» de François Delisle: de la beauté dans le néant

«Le météore» de François Delisle: de la beauté dans le néant

Publié le 8 mars 2013 par Jim Chartrand

Dans une industrie cinématographique à l’image de ses films, le cinéma québécois se remet constamment en question et ne sait plus quelles formes arborer. Pourtant, alors que beaucoup se plient aux demandes d’un produit plus commercial, il y a des têtes fortes comme François Delisle qui s’entête à expérimenter et, du coup, à livrer ici son film le plus singulier à ce jour.

Présenté en clôture des Rendez-vous du cinéma québécois la semaine dernière, Le météore est un projet ambitieux mais d’une grande éloquence, qui ne laissera personne indifférent une fois qu’il aura trouvé son public. Réflexion plutôt que long-métrage, il s’inspire librement de photographies qui le poussent à divaguer sur une quête de liberté. Par le biais de cinq personnages qui réfléchissent en voix off, le film raconte leur morne quotidien, alors qu’ils ont tous en commun le personnage de Pierre, détenu dans un pénitencier.

Laissant succéder des images magnifiques, voire somptueuses qui captent la réalité comme on n’a relativement jamais la chance de l’observer, Delisle castre constamment l’ouverture de ce regard pour enfermer ses propos et représenter le peu de possibilités que l’on s’offre parfois ou qui nous sont par moments offertes. La rue, le soleil qui se couche, les passants, les coins de murs et de plafond, les ombres, tout y passe et, coincé entre quatre murs dans une salle sombre, la tête fixant l’avant, nous n’avons pas d’autre choix que de regarder ce spectacle qui a toujours lieu sous nos yeux, mais auquel on ne prête jamais attention.

Avec un rythme qui s’étire et s’écoule, secondé d’une réflexion qui s’immisce toujours plus profondément dans notre esprit, ce n’est pas ici un film qui nous redonne nécessairement une joie de vivre, tellement ils nous emplit de son sentiment condamné si ce n’est de condamné. Pourtant, avec cette éprouvante expérience qui évoque dans une version encore plus audacieuse l’immanquable La jetée de Chris Marker, on se retrouve face à un projet unique d’un cinéma québécois qui n’a pas dit son dernier mot, au même titre que le fameux Laurentie de Mathieu Denis et Simon Lavoie, qui nous a été offert l’an dernier.

On le répétera donc, avec ce petit sentiment qui n’est pas sans prétention avec son côté égocentrique et centré sur lui-même (des personnages qui parlent d’eux-mêmes, en plus de la présence de Delisle qui se met lui-même en scène dans son film), Le météore sera loin de créer l’unanimité. Pourtant, on ne peut pas dire qu’il n’est pas pour tous, puisque la profondeur de sa réflexion s’applique à chaque être humain et tous devraient être habités d’une ouverture d’esprit équivalente les poussant à vouloir accepter une telle réalité. On ouvrira donc nos yeux et nos oreilles pour se permettre un tel spectacle qui, on l’espère, saura nous grandir. Pour le reste, nul doute que c’est une œuvre qui se magnifiera avec le temps.

Le météore de François Delisle prend l’affiche ce vendredi.

Appréciation: ***½

Crédit poster: FunFilm

Écrit par: Jim Chartrand

Vos commentaires

Revenir au début