Le film «Foreverland» de Max McGuire: un road trip vers la vie – Bible urbaine

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Le film «Foreverland» de Max McGuire: un road trip vers la vie

Le film «Foreverland» de Max McGuire: un road trip vers la vie

Publié le 1 juin 2012 par Alice Côté Dupuis

«Je me noie de l’intérieur», le slogan de la Fondation canadienne de la fibrose kystique, prend un tout autre sens à l’écoute du premier long-métrage du Canadien Max McGuire, lui-même atteint de la maladie. Plongés dans l’univers d’un jeune homme qui a une «date d’expiration», on a soudain envie de vivre et de profiter du temps qu’il nous reste.

C’est l’effet qu’a le film Foreverland sur nous : on se rend compte que l’air est bon et on a envie de le respirer à grandes bouffées. Car on étouffe, parfois, en étant témoin des effets de la fibrose kystique sur l’humain, dans ce cas-ci sur le personnage de Will Rankin. Interprété avec brio par Max Thieriot, qu’on a vu grandir depuis Mission sans permission (2004), Will nous balance en pleine figure ce que c’est que d’être atteint de la fibrose kystique. Maladie trop méconnue du grand public, car trop peu démontrée au cinéma ou à la télévision, la mucoviscidose, comme l’appellent les Français, est très bien dépeinte dans ce film, ce qui nous permet non seulement de découvrir la condition, mais aussi d’être touché par ses ravages.

Passant sa vie entre la maison et les hôpitaux, Will n’est jamais sorti de sa ville. Depuis sa naissance, il se prépare à mourir, magasinant, depuis qu’il a atteint la vingtaine, son futur cercueil. Empreint d’un humour noir, Foreverland est le récit d’un homme trop jeune pour mourir et qui est trop conscient de sa «date d’expiration» pour profiter de quoi que ce soit. «A young man like you should be out shopping for cars, not for… coffins», lui balance M. Steadman, vendeur chez Steadman funeral home, lors de l’une des visites hebdomadaires de Will au magasin.

C’est qu’entouré par tous ses camarades d’hôpital qui meurent de la fibrose kystique, le jeune homme ne voit pas l’intérêt d’investir dans quoi que ce soit d’autre que ses préarrangements funéraires. Si le scénario peut sembler lourd et déprimant, rassurez-vous, car la présence de la belle Laurence Lebœuf au casting vient balancer les propos et semer chez le personnage principal la graine d’espoir qu’il lui manquait. Avec des répliques telles que «Everybody’s got an expiration date», en réponse à la défaitiste «who wants to be involved with someone who has an expiration date?» de Will, ou encore «It doesn’t matter if you live up to be thirty or to be eighty. Everybody thinks life’s too short», le personnage d’Hannah, interprété par la Québécoise, apporte la légèreté dans le cœur de son ami, mais aussi dans le scénario. Lebœuf est d’une redoutable efficacité dans son rôle de jeune femme épanouie, forte, mais aussi fragile. Elle arrive aisément à toucher le spectateur avec la véracité de son jeu, même si elle change de vêtements beaucoup trop souvent pour ce que semble pouvoir contenir son sac à dos.

Il en faut en effet bien peu pour faire un road trip de Vancouver jusqu’au Mexique, en passant par Seattle, San Francisco et Los Angeles – ce qui offre des paysages d’une beauté exceptionnelle –, afin d’aller répandre les cendres d’un ami, d’un frère, sur une terre sacrée capable de guérisons miracles. C’est le dernier souhait de Bobby, ancien compagnon d’hôpital de Will et frangin d’Hannah, mais ça ne se fera pas sans difficulté. Dans la même veine que Little Miss Sunshine (2006), la route sera longue et difficile pour les deux comparses, qui en profiteront tout de même pour apprendre à se connaître et enfin profiter de la vie.

Le plus étonnant reste encore Max Thieriot, qui tousse à s’en écorcher les poumons sans pourtant être véritablement malade. Il s’agit d’un exploit en soit pour celui qui a passé beaucoup de temps avec le réalisateur, Max McGuire, afin de peaufiner son personnage. C’est en partie grâce à sa propre expérience de vie en tant que personne atteinte de la fibrose kystique que le cinéaste canadien a basé le scénario et la direction de son premier long-métrage. C’est aussi de cette façon qu’il a réalisé l’impossible: fournir des images d’une qualité exceptionnelle, et ce, malgré un budget qui est loin d’être celui d’une production hollywoodienne, conscientiser les gens à sa maladie tout en les divertissant, et réunir un casting incroyable, malgré son manque d’expérience (Thieriot, Lebœuf, mais aussi Demián Bichir (A Better Life) et Juliette Lewis (Cape Fear)). Foreverland est un film inspirant, plein d’espoir et efficace pour relativiser les petits problèmes de la vie quotidienne.

À l’affiche le 15 juin 2012.

Appréciation: ****

Crédit photo: Les films Séville

Écrit par: Alice Côté Dupuis

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