CinémaCritiques de films
Crédit photo : Gracieuseté allocine.fr et Telerama
La grande première française devait se tenir le 18 novembre dernier. Cependant, quelques jours avant sa sortie, le mal a accablé pour une seconde fois la France. Les affiches qui placardaient la ville ont été vite arrachées. La place était réservée au deuil. Quelques mois se sont passés après ces attentats et la plaie est certes toujours béante dans le monde. Le film, quant à lui, paraît cette semaine sur les écrans québécois.
Le film s’ouvre dans une mosquée de Paris où l’on retrouve un groupe d’amis musulmans. Leurs origines et confessions antérieures sont différentes, mais ils sont tous épris d’une foi inébranlable. L’un d’entre eux, Sam, est un journaliste ayant décidé d’infiltrer une cellule djihadiste dans le cadre d’une enquête personnelle. De retour d’un camp au Pakistan, un ami convainc le gang de s’enrôler dans une guerre sainte à ses côtés. Le but? Déposer une bombe en plein Paris.
Le plus terrifiant, c’est le sentiment d’étouffement, d’enfermement et de mal constant. Et après, une fois qu’il est fini, c’est de ne pas comprendre pourquoi, comment, quand et où tout cela prend forme. Comme le précise le chef à ses sbires: «Il faut utiliser la technique de dissimulation. Devenez invisible». Il les invite à adopter un discours modéré, à éviter tout soupçon. Personne ne peut rester de glace devant cela.
Nicolas Boukhrief réalise donc un thriller réussi. Son scénario reste imprécis à quelques moments, notamment dans le modelage des personnages. Les principaux sont caricaturaux et bien manipulables, notamment Christophe et Sidi. Par conséquent, on s’accroche davantage à la construction logique des scènes et à la gradation de la tension. Puis divers éléments de l’histoire sont minorés et auraient mérité plus d’attention: le rôle de la police, l’intrigue avec la femme d’Hassan et la conversion à l’Islam de Christophe qui n’est jamais expliquée. Seul un furtif signe de croix à la fin du film vient démontrer le caractère manipulable de ce pauvre type. Il y avait là des pistes pour ajouter un peu de chair à ce film un peu trop court.
Dimitri Storoge domine clairement le film. Il maîtrise avec intelligence la psychologie de son personnage à la fois dominant et dominé par le poids que lui confèrent ses responsabilités. Il est sans merci. Malik Zidi, quant à lui, n’amène aucune compassion. On entre difficilement dans l’univers de ce personnage qui, finalement, n’apparaît bizarrement pas si démuni devant les évènements.
Bref, Made in France est un film à voir si vous désirez comprendre une parcelle de l’incompréhensible.
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Par Gracieuseté allocine.fr et Telerama
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