Le DVD double «Les petits meurtres d’Agatha Christie, volume 3»: des classiques revisités avec humour – Bible urbaine

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Le DVD double «Les petits meurtres d’Agatha Christie, volume 3»: des classiques revisités avec humour

Le DVD double «Les petits meurtres d’Agatha Christie, volume 3»: des classiques revisités avec humour

Publié le 20 mars 2013 par Éric Dumais

Réalisés par Éric Woreth, d’après des scénarios de Thierry Debroux et Sylvie Simon, les films La plume empoisonnée et La maison du péril sont les deux nouveau-nés de cette exquise collection des grands classiques de l’écrivaine anglaise Agatha Christie. Dans ce troisième volume, Antoine Duléry, Marius Colucci, Elsa Kikoïne et Anaïs Demoustier se partagent la vedette dans ces deux histoires ludiques, un peu absurdes et… criminelles!

La plume empoisonnée: corbeau et lettres anonymes

Le détective Émile Lampion, sous les ordres de son médecin, doit plier bagages et se reposer dans un petit village du Nord à des lieux de la capitale afin d’augmenter ses chances de récupérer à la suite d’une fusillade l’ayant gravement blessé. Émile et le commissaire, lequel est chargé de sa protection personnelle, vont vite se rendre compte que la période de convalescence du détective ne sera peut-être pas de tout repos. En effet, un corbeau s’amuse à envoyer aux dépens des villageois des lettres anonymes dans lesquelles des mœurs inavouables sont révélés au grand dam des victimes.

Qui peut bien envoyer ces étranges lettres et dans quel but? Émile Lampion et le commissaire, tous deux de nature excentrique, ne sauront d’emblée comment réagir face à l’émoi général causé par ces lettres jusqu’au jour où une veille dame, Émilie Dubreuil, s’écroule en buvant son thé. Après les menaces, les meurtres, les deux policiers devront donc faire leur possible pour mettre le grappin sur le meurtrier avant que les villageois ne s’écroulent comme les pions d’un jeu de dominos. Comme dirait le commissaire, «le corbeau ne croasse plus, il tue!»

Racontée avec humour et légèreté, cette adaptation d’une des meilleures histoires de la reine du roman policier ne rend pas tout à fait justice à la version originale, publiée en 1942, mais explore l’intrigue policière sous l’angle du divertissement, ce qui n’est pas une si mauvaise idée en soi. L’air candide d’Émile Lampion et la nature excentrique des autres personnages font passer cette intrigue policière dans le registre de la comédie française, exception près que les scènes de meurtres, un brin subjectives, peuvent surprendre le spectateur à l’occasion.

Appréciation: **

La maison du péril: la multiplicité des regards louches

L’aventure se poursuit avec La maison du péril, une adaptation du célèbre roman du même nom, qui a été écrit par Agatha Christie en 1932.

Plutôt que d’être campé dans la station balnéaire de St-Loo, en Angleterre, le scénario de Sylvie Simon a été imaginé sur une plage française, en tout point paradisiaque. Heureusement, la sinistre demeure du protagoniste Joséphine, alias Jo, ressemble à la End House inventée par son auteure, plantée sur flanc de collines, dont le paysage rappelle bien celui des falaises de Cornouailles.

Le commissaire Larosière, avant de faire connaissance avec la sinistre demeure, lieu vraisemblablement hanté par des fantômes, va tomber nez à nez avec l’exquise Joséphine, de laquelle il tombe éperdument amoureux alors qu’il gambadait joyeusement sur la plage et qu’un cerf-volant lui soit atterri sur la tête. Empêtré dans les multiples filages de l’engin, Larosière, en vacances, voit enfin l’illumination de ses nuits devant ses yeux: Joséphine. Touché en plein cœur, parfaitement libre de surcroît, le commissaire, de fil en aiguille, séduit la charmante trentenaire et décide de l’accompagner jusqu’à chez elle, où il fera la rencontre de sa famille et amis. Évidemment, tout le monde est louche, y compris la bonne et le chat noir, et très rapidement on tente d’attenter à la vie de Joséphine. Larosière, soupçonnant un vil assassin, fait appel à Émile Lampion, resté à Paris, qui heureusement n’apparaît que sur le tard dans le film, lui qui est habituellement si maladroit. Puis, rien ne va plus, les incidents se multiplient au rythme des maladresses de Lampion qui n’a rien d’un Hercule Poirot!

Multipliant les farces plutôt que les coups de génies, La maison du péril perd de sa force, et ce, plus les minutes passent. Évidemment, les clichés nous frappent rapidement l’œil (chat noir, grincement des portes, regards exagérément louches, etc.), et il nous peine de constater que le meurtrier soit dissimulé derrière une façade d’acteurs pouvant tous être considérés comme suspects, ce qui nous fait regretter un tant soit peu la rigueur d’Agatha Christie quant à sa construction narrative.

Ainsi soit-il, les réalisateurs Éric Woreth, Antoine Duléry et Marius Colucci ont préféré mettre de l’avant la farce française et les clichés cinématographiques, faisant, du coup, de cette série (qui a désormais 4 volumes) un remake absurde et niais d’histoires éminemment bien écrites au départ.

Appréciation: **1/2

Crédit photo: Les films Séville

Écrit par: Éric Dumais

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