Le documentaire «Le Horse Palace» de Nadine Gomez: le passé en retrait – Bible urbaine

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Le documentaire «Le Horse Palace» de Nadine Gomez: le passé en retrait

Le documentaire «Le Horse Palace» de Nadine Gomez: le passé en retrait

Publié le 15 mars 2013 par Jim Chartrand

Le Horse Palace, le touchant documentaire de Nadine Gomez, fait suite au regain d’intérêt ironique dont Griffintown fait preuve depuis un moment déjà. Chronique sensible et beau témoignage d’un aspect méconnu qu’on tente de faire taire, on regrette toutefois que la cinéaste ne soit pas nécessairement aller au bout de ses idées.

Le Horse Palace, c’est l’un des rares témoignages historiques qui compose encore le quartier de Griffintown et l’une des dernières écuries à encore tenir son bout. Face à un modernisme qui prend de plus en plus d’assaut le passé en lui faisant table rase, son propriétaire, Leo Leonard, du haut de ses 83 ans, a de plus en plus de mal à s’occuper de ce qui lui est le plus cher au monde.

Avec quelques moments qui évoquent une certaine facette du cinéma direct, Nadine Gomez s’est rapprochée de ses sujets à un tel point que, par moments, on a l’impression qu’elle évite certaines audaces, tombant dans plusieurs pièges qu’avait évité avec succès Brigitte Poupart et son Over my Dead Body. Questionnant de plein front ses intervenants tout en restant dans l’ombre du hors-champ, elle évoque et soulève une multitude de questions, mais ne semble jamais en mesure de leur offrir des réponses. Bien sûr, on se doute que pour le moment il n’y en a pas vraiment, mais entre le portrait d’un personnage fascinant et le documentaire informatif d’un lieu et de son impact, on est un peu perdu et on cherche dans les silences quelques pistes pour mieux se retrouver.

Il y a quand même un virage jusqu’à St-François-de-Laval et des sous-titres inconsistants pour faciliter les écarts de langue qui ne nous aident pas toujours à mieux se situer. (Cela aurait-été utile de sous-titrer les questions de la cinéaste dictées derrière la caméra dont on ne comprend pas toujours vu sa voix éloignée).

Transformé en fable triste où la musique ponctue nos écarts de tristesse, quelques tics de manipulation laissent un goût amer en bouche par moments plus forts que le côté frustrant de la réalité dans laquelle le sujet s’est mis les pieds. Est-ce le début d’un combat, ou le drapeau blanc de la défaite que la réalisatrice évoque? On n’en est pas trop sûr, et les images ternes du film démoralisent plus qu’elles ne donnent envie de se lever pour faire changer les choses.

Bien sûr, on ne remet aucunement en cause la pertinence d’un tel film, mais on aurait aimé quelque chose d’un peu plus concis et d’un peu moins éparpillé, ce qui s’avère somme toute quelque peu ironique pour un long-métrage d’une durée d’à peine 70 minutes.

En attendant un témoignage un peu plus convaincu et, du coup, convaincant, donc peut-être un peu moins émotivement impliqué, on se laissera s’imprégner du lieu qui est encore aujourd’hui fascinant en plus d’être menacé, et on s’attachera aux délicats personnages qu’on suivra le cœur battant jusqu’à leur dernier souffle.

Le film Le Horse Palace prend l’affiche dès aujourd’hui.

Appréciation: **½

Crédit photo: Les films du 3 Mars

Écrit par: Jim Chartrand

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