CinémaCritiques de films
Après être allé déjeuner au centre-ville ce matin, il m’était impossible de revenir sur mes pas et de retourner sagement à la maison. C’est pourquoi j’ai décidé de prendre mon courage à deux mains et de me diriger, malgré les multiples abus d’un samedi soir arrosé, vers une destination plus que spéciale. Peut-être allais-je y laisser ma peau, mais cela m’était tout à fait égal : je me devais d’accomplir un acte héroïque en ce dimanche enneigé. Chose dite, chose faite, je me suis donc mis en route vers le célèbre quartier artistique où le latin fut jadis une langue vivante, afin de visionner un film dont il m’était impossible de passer outre : Le discours du roi.
Le discours du roi (v.f. The King’s Speech) est un drame historique du réalisateur britannique Tom Hooper, mettant en vedette Colin Firth, Geoffrey Rush, Helena Bonham Carter, Guy Pearce et Timothy Spall.
Campé dans l’Angleterre des années 30, le récit met en scène Albert (Colin Firth), deuxième fils du roi George V, lequel est aux prises avec un grave problème de bégaiement. Sa femme, la reine Élizabeth (Helena Bonham Carter), tente par tous les moyens de confier son mari aux mains d’un professionnel avisé. Sur l’insistance de cette dernière, Bertie rencontrera l’orthophoniste australien Lionel Logue (Geoffrey Rush), dont les méthodes, a priori peu orthodoxes, l’aideront miraculeusement à combattre son fameux trouble du langage. Lorsque son frère Édouard VIII (Guy Pearce) renonce au trône, Albert est appelé à devenir le roi George VI. Réussira-t-il à prononcer un discours cohérent et intelligible en cette période de tension et de conflits à grande échelle?
Ce chef-d’œuvre d’une grande maturité est un petit bijou dramatico-historique agrémenté d’un humour fin et subtil à l’anglaise. D’une formule fort simpliste, tout en étant brillamment réalisée, l’œuvre de Tom Hooper, nommée grande gagnante de quatre statuettes aux Oscars, présente une myriade d’acteurs géniaux. De fait, Colin Firth, récompensé pour le prix du meilleur acteur, se glisse avec ravissement dans la peau d’un roi bègue à l’ambition démesurée, et Geoffrey Rush, en orthophoniste excentrique, démontre une certaine agilité à jongler entre l’humour léger et le dramatique. Et que dire du scénario sublime de David Seidler, qui s’est vu remettre lui aussi un Oscar, et dont l’efficacité a permis le déploiement de scènes réalistes très prenantes? Pensons, par exemple, aux scènes où Lionel invite Albert à crier des injures et à chanter des mots sur une mélodie familière, d’ailleurs très drôles, ou celles où il prononce un discours en bafouillant, et ce, à notre plus grand désarroi. Le discours du roi est, en somme, une franche réussite justement récompensée, qui s’adapte bien au caractère académique propre aux films historiques. Oui, en peut-être plus marrant, j’avoue.
Si vous avez envie d’un bon divertissement, mais avant tout d’un film fort intelligent, Le discours du roi vous fera bégayer de plaisir, faites-moi confiance.
Appréciation: ****
Crédit photo: Alliance Vivafilm
Écrit par: Éric Dumais