«L’Artiste» de Michel Hazanavicius: revivre en beauté l’âge d’or du cinéma hollywoodien – Bible urbaine

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«L’Artiste» de Michel Hazanavicius: revivre en beauté l’âge d’or du cinéma hollywoodien

«L’Artiste» de Michel Hazanavicius: revivre en beauté l’âge d’or du cinéma hollywoodien

Publié le 14 décembre 2011 par Éric Dumais

Avec un budget de 9 millions d’euros, le réalisateur et scénariste Michel Hazanavicius et le producteur Thomas Langmann ont réalisé, avec L’Artiste, un véritable rêve d’enfant: un film muet tourné en noir et blanc avec le duo d’acteurs français Jean Dujardin et Bérénice Bejo, devenu célèbre suite à OSS 117.

Présenté à la 64e édition du Festival de Cannes et dans la plupart des festivals de cinéma, L’Artiste, avec son esthétique peu commune, est un film à contre-courant des productions modernes qui, heureusement, n’a pas souffert de ses différences, et ce, malgré l’engouement grandissant de la technologie 3D. Qui plus est, Michel Hazanavicius, depuis qu’il a présenté son film au grand public, n’a reçu qu’un flot d’éloges de la part des spectateurs et des cinéastes, preuve qu’il y a encore une place pour l’expérimentation et l’audace, de nos jours.

Le récit commence en 1927 à Hollywoodland, à l’époque où le cinéma parlant devient progressivement à la mode. George Valentin (Jean Dujardin), grande vedette du cinéma muet, vit avec désarroi les derniers instants de sa gloire avec l’arrivée de Peppy Miller (Bérénice Bejo), une actrice charmante au sourire enchanteur, qui deviendra rapidement la nouvelle étoile montante. Privé de travail, l’acteur sombre dans une profonde mélancolie alors que la nouvelle coqueluche d’Hollywoodland multiplie les mérites et les apparitions au grand écran.

L’Artiste n’est pas seulement un fantasme intellectuel destiné aux étudiants en cinéma, mais plutôt la réalisation d’un désir fou qu’avait Michel Hazanavicius de redonner un souffle de vie au cinéma muet hollywoodien. Dans L’Artiste, l’esthétique vieillotte rappelle Citizen Kane, l’œuvre maîtresse d’Orson Welles, et le personnage de George Valentin, avec son ascension rapide et sa chute vertigineuse, ressemble curieusement à celle vécue par le grand réalisateur américain.

Si Michel Hazanavicius a bien respecté les conventions du cinéma muet (aucun baiser n’est échangé entre les acteurs, les dialogues sont écrits noir sur blanc, la danse exprime les émotions vécues par les personnages), reste que la force majeure du film réside dans son langage non verbal. En effet, le réalisateur a inséré une dimension métaphorique à son œuvre, nous forçant ainsi à mieux comprendre l’appartenance de George Valentin au cinéma muet. Dans une scène, l’acteur découvre à son grand étonnement que les objets produisent un son lorsqu’on les dépose sur une table, ce qui prouve hors de tout doute qu’il refuse, consciemment ou inconsciemment, le cinéma parlant. Ce n’est qu’à la toute fin du film qu’on entend finalement les discussions échangées sur un plateau de tournage, preuve incontestable que George Valentin a accepté, malgré lui, la présence du cinéma parlant, qui s’est instauré à compter de l’année 1927. Ainsi, tout est bien qui finit bien.

L’Artiste n’est pas une comédie musicale ni un bel essai cinématographique, c’est une œuvre à part entière offrant un beau clin d’œil au cinéma de l’âge d’or hollywoodien. Les acteurs Jean Dujardin Bérénice Bejo et John Goodman offrent une performance à couper le souffle et l’histoire, tantôt drôle, tantôt tragique et touchante, agit comme un véritable baume.

Appréciation: ****

Crédit photo: Alliance Vivafilm

Écrit par: Éric Dumais

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