CinémaCritiques de films
Crédit photo : Les Films Séville
Basé sur la production théâtrale du Montréalais Nicolas Billon, La chanson de l’éléphant relate l’histoire d’un jeune manipulateur à l’intelligence supérieure dont le comportement laisse sous-entendre qu’il aurait, en sa possession, les informations relatives quant à la disparition du psychiatre Dr. Lawrence (Colm Feore). Le psychologue Dr. Toby Green (Bruce Greenwood) doit assumer la lourde tâche d’interroger l’incontrôlable Michael Aleen (Xavier Dolan dans son premier rôle en anglais), principal suspect de l’affaire. Michael est un patient escamoteur, foncièrement vulgaire, qui laisse entrevoir une hypersensibilité aussi indomptable que son obsession sur… l’éléphant. Lequel des deux, entre le patient et le psychologue, saura tromper l’autre?
Un point fort qui s’avère être un point faible du film: la présence de la luminosité et de la clarté à l’écran. Les lieux sont lumineux, les murs sont propres, les espaces, amples. L’asile est trop décent. Quasi-élégant. Les infirmières sont aimantes et les autres malades, presque attachants. Le poids des textes est plutôt aux antipodes des images, ce qui vient créer un contraste quasi-dérangeant. Une manipulation de la part du réalisateur?
Les dialogues entre le Dr. Green et Michael se déroulent (presque) uniquement dans le bureau du Dr. Lawrence, où des échanges se transforment en tours de passe-passe. Le patient manipule le psychologue, le psychologue suit la parade orchestrée par Michael. Malgré les conversations révélatrices (principalement animées par l’interné), les scènes deviennent redondantes. Le suspense en souffre, donc. En fait, il tombe à plat parce que aucune alarme ne semble avoir été déclenchée depuis la disparition du psychiatre. Le psychologue n’est pas en quête: son interrogatoire (interminable) n’est qu’une raison pour lui de ne pas retourner auprès de sa conjointe (émotionnellement instable) après le boulot. L’infirmière, quant à elle, s’inquiète de Michael dans l’histoire. Toutefois, le patient-manipulateur (et l’acteur assurément) se plaît dans sa ruse, et donnent ainsi un second souffle aux échanges.
Malgré ces quelques imperfections, Binamé sait mettre en valeur sa palette d’acteurs de renom, tant Américains que Québécois. La performance électrisante de Xavier Dolan (dans un anglais plus qu’impeccable) ne peut laisser indifférent, malgré les lacunes observées à l’écran.
Même si la bande-annonce paraît plus intrigante que le film-même, celui-ci mérite néanmoins de faire partie des prochains longs métrages à voir en 2015.
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de la rédaction