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Quiz: «Quelle différence y a-t-il entre Sean Penn, Ben Affleck et maintenant Christian Bale?» Aucune, car les trois acteurs ont interprété, sous la supervision de Malick, le même rôle de l’homme tourmenté marchant seul sur une plage. Suite dans les idées, quand tu nous tiens!
Si l’enrichissant The Tree of Life proposait bien plus que les yeux hagards de Penn fouillant l’horizon à la recherche de réponses, on ne pouvait défendre avec autant d’arguments le film de Malick qui prenait l’affiche l’année suivante, le mal nommé To the Wonder. Fans de débats à handicap élevé, sachez que la tâche devient sacrément ardue en ce qui concerne Knight of Cups.
Rick (Christian Bale), un scénariste friqué de Santa Monica, souffre. Il vit une coupure avec le monde réel et les fêtes mondaines ne l’amusent plus. Les mannequins, stripteaseuses et actrices qu’il prend en chasse (Natalie Portman, Cate Blanchett, Teresa Palmer, Freida Pieto et d’autres) ne peuvent le satisfaire longtemps. Ça ne va pas bien non plus avec son père. Rick se cherche et ne se trouve pas. Et cetera.
Une voix off, celle de Ben Kingsley, récite un conte dès l’ouverture, décortiquant par le fait même le titre du film:
«Il était une fois un jeune prince dont le père, souverain du royaume d’Orient, avait envoyé en Égypte afin qu’il y trouve une perle. Lorsque le prince arriva, le peuple lui offrit une coupe pour étancher sa soif. En buvant, le prince oublia qu’il était fils de roi, oublia sa quête et sombra dans un profond sommeil…»
La narration graduellement aléatoire de Kingsley se juxtapose ainsi aux évènements et nous révèle les pensées de notre anti-héros. On écoute et on regarde défiler cette succession ininterrompue de plans de vue éthérés à l’intérêt moindre qu’une pub de parfum, avec un détachement aussi profond que le somme que l’on risque de piquer d’une minute à l’autre, calé dans un fauteuil de cinéma.
Il est en effet difficile d’éprouver une empathie sincère envers Rick, car vous admettrez qu’un séduisant et fortuné playboy faisant l’amour aux plus belles femmes du monde, qui trouve le moyen de tout faire foirer par égocentrisme et qui ne manque de rien n’inspire pas la plus grande des sympathies, aussi malheureux soit-il. La prestation de Bale, moitié «je viens de me réveiller très tôt ce matin», moitié «je suis sur le pilote automatique», n’aidera en rien au sentiment d’attachement inexistant.
Devant cette impossibilité de mettre notre cœur à profit, on se rabat sur les images et la photographie superbe d’Emmanuel Lubezki (eh oui, encore lui!), faute de mieux.
Un symbolisme pesant vient cependant gâcher le peu de plaisir qu’il pouvait nous rester. Les chiens dans la piscine, les balades en solitaire dans les badlands, la mise en cage (littéralement) dans un club de striptease, une sculpture dans un musée représentant une pile d’assiettes superposées en équilibre précaire, un pélican (on a évité l’albatros de peu) se déplaçant maladroitement sur la terre ferme et on en passe des tonnes. Des tuyaux laissés par Malick, juste au cas, afin de mettre au clair que Rick, ce pauvre bougre se porte très mal. Vive l’emphase!
Deux autres titres du réalisateur restent à paraître en 2016. Ce sera l’occasion de vérifier si cette légende vivante a encore de l’essence au réservoir… ou si elle devrait plutôt prendre congé pour une autre vingtaine d’années.
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Par www.comingsoon.net
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