«Keep the Lights On» d'Ira Sachs: trouver la beauté dans la laideur du quotidien – Bible urbaine

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«Keep the Lights On» d’Ira Sachs: trouver la beauté dans la laideur du quotidien

«Keep the Lights On» d’Ira Sachs: trouver la beauté dans la laideur du quotidien

Publié le 6 décembre 2012 par Camille Masbourian

New York, 1998. Erik, réalisateur de documentaires danois installé à New York rencontre, grâce à une ligne d’appels érotiques, Paul, jeune avocat gay non assumé. Malgré les (brèves) réticences de Paul, une grande histoire d’amour naîtra entre eux, une histoire qui s’étendra sur dix ans, et qui connaîtra beaucoup de hauts, mais aussi beaucoup de bas. Paul, accro au sexe et à la drogue, fera vivre à Erik des nuits d’angoisse et de peur, alors que ce dernier laissera tout passer, par amour. Jusqu’à ce que le vase finisse peut-être par déborder…

C’est une histoire somme toute assez classique que met en scène Ira Sachs dans Keep the Lights On, mais c’est également une histoire très personnelle. Inspiré par la détérioration de sa propre relation avec l’auteur Bill Clegg, Sachs a vu dans cette histoire quelque chose qu’il pourrait transposer à l’écran et qui aurait un écho universel. C’était un pari risqué. Le résultat aurait pu être assez hermétique, parce que trop personnel, mais il est plutôt touchant et beau dans ce qu’on pourrait appeler la «laideur» du quotidien.

Bien reçu à Sundance au début de l’été, Keep the Lights On s’inscrit dans la lignée de Like Crazy, qui avait reçu le Grand prix du Jury au même festival l’année dernière. Dans les deux cas, on nous présente une histoire d’amour tout ce qui semble de plus normal, mais qui s’avère être impossible. Dans les deux cas, la cohabitation est aussi douloureuse que la séparation, mais l’amour persiste. Les ressemblances s’arrêtent toutefois ici, puisque Keep the Lights On présente une relation qui n’est pas seulement influencée par le temps et la distance, comme Like Crazy, mais aussi par les dépendances de Paul au sexe et à diverses drogues. On pense également beaucoup au magnifique Shame de Steve McQueen, notamment à cause des univers et de la réalisation semblables.

Keep the Lights On n’est pas un film très accessible. C’est lent et plutôt contemplatif, mais une fois passées les premières trente minutes, on se laisse emporter par cette histoire. Les acteurs principaux (Thure Lindhardt dans le rôle d’Erik et Zachary Booth dans celui de Paul), malgré quelques inégalités, réussissent magnifiquement bien à faire passer toute l’émotion voulue. Le film, déjà récompensé d’un Teddy Award, a également été nommé parmi les dix meilleurs films de 2012 selon les Cahiers du Cinéma et devrait continuer de récolter des prix à travers le monde.

Keep the Lights On prendra l’affiche le 7 décembre au Cinéma du Parc. 

Appréciation: ****

Crédit photo: http://frameline.org

Écrit par: Camille Masbourian

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