«J’enrage de son absence» de Sandrine Bonnaire: trop c’est comme pas assez – Bible urbaine

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«J’enrage de son absence» de Sandrine Bonnaire: trop c’est comme pas assez

«J’enrage de son absence» de Sandrine Bonnaire: trop c’est comme pas assez

Publié le 9 novembre 2012 par Camille Masbourian

Comédienne adulée, Sandrine Bonnaire est venue à Montréal présenter son premier long-métrage de fiction en tant que réalisatrice, dans le cadre du Festival de films francophones Cinemania. Quatre ans après le documentaire Elle s’appelle Sabine, sur la lente dégradation de la maladie de sa sœur Sabine, diagnostiquée comme étant atteinte d’une forme d’autisme, Sandrine Bonnaire propose cette fois-ci J’enrage de son absence.

Jacques, Américain ayant longtemps vécu à Paris, revient dans cette ville pour enterrer son père. Il profite de son voyage pour revoir Mado, son ex-femme, qu’il n’a pas vue depuis près de huit ans. Depuis, elle a refait sa vie, s’est mariée et a eu un garçon, âgé de six ans au moment des retrouvailles avec Jacques. Si en apparence tout va bien pour Mado, elle partage avec Jacques la douleur due à la perte de leur enfant, survenue dix ans plus tôt.

Si Mado oublie sa douleur dans le déni de ce qui est arrivé, Jacques a plutôt décidé de la confronter. Retrouver Mado et rencontrer Paul, le fils de celle-ci, a un étrange effet à la fois bénéfique et destructeur sur Jacques. Jusque-là, tout va plutôt bien. On se retrouve face à une histoire qui aurait pu être très bouleversante, mais qui se perd malheureusement dans un irréalisme stupéfiant. Il se développe une relation très intense entre Jacques et l’enfant, relation qui doit rester cachée aux yeux de Mado. Pourtant, Jacques, dans l’aveuglement causé par sa douleur, va jusqu’à se cacher dans la cave de l’appartement de Mado, où sont empilées les caisses contenant les jouets de leur enfant décédé. Cet épisode de quasi folie s’étire beaucoup trop longuement et est soutenu par une musique tellement présente et dramatique qu’elle semble presque caricaturale. De plus, on se demande comment Mado et son mari ne se rendent pas compte de la présence de Jacques plus rapidement.

Bref, le film comporte plusieurs irrégularités du genre, qui viennent briser le rythme et la trame dramatique. Heureusement, les performances exceptionnelles des acteurs viennent un peu sauver la donne. William Hurt, ex-conjoint de Sandrine Bonnaire et père de sa fille Jeanne, livre ici une performance bouleversante. Contrairement au scénario, le personnage de Jacques n’est pas dessiné à trop gros trait et toute la douleur se transmet par son non-verbal. Il en va de même avec Alexandra Lamy, surprenante dans le rôle de Mado. Celle qu’on connait surtout pour ses rôles comiques démontre ici qu’elle maîtrise parfaitement son art.

J’enrage de son absence est en partie un film inspiré d’une histoire de Sandrine Bonnaire. Enfant, elle s’était liée avec Guy, l’homme que sa mère aurait du épouser à la place de son père. Des années plus tard, Sandrine, alors âgée de vingt ans, le croise par hasard dans la rue. Il est devenu clochard et n’a jamais réussi à faire le deuil de cette relation avortée. L’histoire, bien assez triste de cette façon, n’aurait pas eu besoin d’autant de revirements plus dramatiques les uns que les autres. Parce qu’au final, trop c’est comme pas assez. 

Appréciation: **½

Crédit photo: Festival Cinemania

Écrit par: Camille Masbourian

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